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Meurtres sur l'estuaire
Poche
Inédit
Tout public
406 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 979-10-353-2417-9
Coll. "Le Geste noir"
Du bois dont on fait les cadavres
Nous sommes en région bordelaise mais, attention, pas dans le monde des vignerons, dans celui des importateurs de bois, un milieu pas forcément plus facile, ni en conformité avec la loi. Grindefer est d'ailleurs un "gros" importateur de bois. Le roman s'ouvre avec lui, venu payer un pot-de-vin à un "douanier", un fonctionnaire chargé de vérifier que la cargaison correspond bien aux documents d'import-export. Une nuit, un peu plus tard, un vigile entend des bruits suspects et déloge deux gars venus rôder sur les quais de déchargement. L'un d'eux en s'enfuyant donne sans s'en douter le prénom de son collègue. Quelques minutes plus tard, le vigile découvre le corps de Grindefer... Charlotte Auduc, policière, est chargée de l'enquête. Elle interroge la femme du défunt qui lui semble cacher deux ou trois choses. Elle aimerait aussi interroger le fonctionnaire chargé de contrôler les cargaisons. Or, ce dernier semble avoir disparu. Quelques jours plus tard, on retrouve son cadavre sur une île sans habitant au large de la région. Grindefer était aussi en liaison avec une famille de médecins qui avait vécu en Asie et était revenu avec un enfant adopté. Or ce petit monde semble très concerné par les arbres. Y a-t-il un rapport ? Quand on découvre fortement blessé et torturé un petit voyou de banlieue, la policière se pose encore plus de questions.
Roman policier de forme classique, avec une enquêtrice qui cherche des pistes, collecte les indices, soumet les gens aux interrogatoires, et quelques développements sur sa vie personnelle, avec des personnages qui ont des intérêts divergents et donc compliquent l'histoire, Meurtres sur l'estuaire est aussi, comme dans les anciennes séries, l'occasion de nous proposer aussi un regard sur une région ou une activité. Ici, c'est le commerce du bois et, par contrecoup, les actions plus ou moins malhonnêtes pour s'occuper des espèces rares ou écologiquement fragiles. C'est un thème moins couru que d'autres, même si il permet de décrire les mêmes dérives capitalistes. C'est en tout cas, présenté ici par Philippe Bouin avec force, à l'intérieur d'une intrigue rythmée et tenue, où les personnages sont décrits avec soin, pour créer un ensemble de bonne qualité.
Citation
Proche de la cinquantaine, le front proéminent, la mâchoire volontaire, le visage en diamant serti d'un regard vif, Grindefer se dirigeait vers l'île Verte. Il y avait rendez-vous avec un salopard, une ordure de concours.