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Tout public
Traduit de l'italien par Serge Quadruppani
Paris : Métailié, avril 2024
270 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 979-10-226-1354-5
Coll. "Noir - Bibliothèque italienne"
Quand l'Italie balbutiait
1889. Alors que le XIXe siècle s'achève, l'Italie se découvre comme un pays unifié sur le papier, mais pas forcément dans la vie quotidienne. D'ailleurs, ce n'est absolument pas le cas en Sardaigne. Il reste une langue particulière et surtout les habitants se méfient de la police. Une équipe de carabiniers se trouve là, mais difficile d'agir car tout le monde se méfie et personne ne veut parler (peut-être aussi parce que l'on sait qu'ion risque gros à dévoiler certaines choses). Toujours est-il que dans le petit village central où sont basés les gendarmes, dont Ghibaudo, il faut faire avec - entre les paysans qui sont aussi poètes et font des concours de village en village, les enlèvements contre rançon et même parfois les chantages à l'enlèvement. L'une des dernières affaires a mal tourné et, alors que les gendarmes essaient de faire prisonniers d'éventuels coupables, des coups de feu ont éclaté et un gendarme se retrouve entre la vie et la mort, soigné en attendant qu'il puisse reprendre conscience. Ghibaudo et son adjoint, Moretti, un brillant Romain, qui découvre les empreintes et les moyens de s'en servir dans les enquêtes (en prenant les empreintes avec de l'encre d'où le titre du roman), sont chargés d'une nouvelle affaire bien ténébreuse : on a retrouvé un cadavre dans une bergerie. Qui peut se cacher derrière la mort de cet homme ? Comment découvrir la vérité quand le village entier a l'air de ne rien comprendre, de ne rien voir ? Ghibaudo doit également composer avec un secret personnel qui pourrait lui valoir des soucis...
Ce premier roman de Sara Vallefuoco prend son temps pour poser les personnages, décrire la situation de la région à un moment de bascule entre le passé et la modernité naissante, entre une région qui vivait en autarcie et les débuts de l'unité italienne qui peine à se mettre en place. De ce point de vue, le récit dessine bien les êtres, les lieux, les forces en présence, l'histoire en train de se faire. En réaction, le côté policier apparait un peu en retrait, au fil des lentes avancées de l'enquête complexe par sa nature même et par le côté taiseux des protagonistes. Une fois passé ce côté sombre apparait une intrigue bien menée, qui rebondit au fil des pages, avec d'autres meurtres et des découvertes régulières pour créer un décor bien construit à une intrigue intéressante.
Citation
Par l'effet d'un calcul erroné issu d'un préjugé, partagé entre humiliation et admiration pour ce garçon qui a réussi à le faire s'intéresser à lui plus qu'il ne l'avait jamais fait pour tout autre délinquant, Ghibaudo commence à échafauder une série d'hypothèses. Il s'est servi d'un complice, sans doute le faux maçon.