Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Jeunesse d'un héros
Nous sommes en 1892. Rouletabille est un jeune homme, encore inconnu. C'est aussi pour cette raison que son rédacteur en chef décide de l'envoyer à Saint-Gervais-les-Bains, petite station d'hiver avec des curistes. De fait, il y aurait des Russes et des Allemands qui y viendraient pour prendre les eaux. Mais ce serait une excuse pour se croiser et chercher un traité d'alliance entre les deux pays afin de préparer la guerre qui s'annonce. Il y aura peut-être aussi des anarchistes russes qui viendront faire un carton sur les diplomates de leur pays. Le gouvernement, qui est échaudé par des bandes anarcho-terroristes françaises, envoie à tout hasard le célèbre policier Larsan pour surveiller tout cela. Rouletabille, lui, s'est fait engager dans l'hôtel où descendent les différents ambassadeurs. Il repère bien des choses étranges à commencer par certains employés qui semblent avoir des activités suspectes et une habitante du village qui use du vaudou. Larsan mène l'enquête et repère lui aussi des éléments étranges. En effet, les ambassadeurs ne sont pas nets et certains au sein de la délégation allemande ont l'air de na pas savoir maîtriser la langue de Goethe. Quand on annonce que des terroristes russes viennent d'arriver dans le coin, tout le monde se met à trembler et à prendre des précautions. Mais est-ce que ce sera bien suffisant ?
L'idée de reprendre le personnage de Rouletabille à ses débuts pouvait sembler une bonne idée surtout qu'il a été un personnage de propagande durant la Grande guerre au coeur de romans qui se déroulent... en Allemagne et en Russie ! Pour ceux qui le connaissent très bien, c'est un peu déstabilisant car certaines clés sont connues et ils peuvent avoir des doutes sur tel ou tel personnage car ils savent ce qu'il deviendra après. Antoine Leca, cependant, s'est très bien placé dans la période et utilise des éléments qu'aurait pu utiliser Gaston Leroux, notamment le côté fantastique installé un moment dans l'intrigue par le vaudou et des zombies, également par un final explosif bien dans la tradition. L'installation dans un hôtel de curistes et avec des personnages étranges dans les couloirs sonne aussi comme une bonne adaptation de la série originelle. Tout ça permet au lecteur, qui a connu la série, d'y trouver des éléments agréables, et ça lui permet de découvrir un épisode qui aurait pu prendre place dans la série (avec quelques envolées lyriques de Gaston Leroux, dans l'écriture de son temps, qui ont disparu de manière logique). Ceux qui ne connaissent et découvriraient le personnage apprécieront le côté aventure, dépaysement (une intrigue sans femmes fatales, ni violences, ni policiers alcooliques et dépressifs) qui se déroule jusqu'à une fin agitée mais bien racontée. Une idée qui pouvait sembler délicat de par son approche, mais dont l'auteur se sort avec grâce pour emporter la conviction.
Citation
On a parlé des poisons discrètement glissés dans l'enveloppe d'une lettre ou dans une paire de gants ou encore imprégnés sur les pages d'un livre. Personnellement je n'y crois pas.