Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (Écosse) par Catherine Richard
Paris : Métailié, janvier 2024
288 p. ; 19 x 13 cm
ISBN 979-10-226-1330-9
Coll. "Suite. Suite écossaise"
Quelques kilomètres après Nulle Part
Quelque part dans un coin paumé, on peut encore trouver une grosse usine qui fabriquait des produits chimiques. Bien sûr, elle a fini par fermer en laissant après elle une pollution incroyable qui est peut-être à l'origine des transformations et mutations génétiques. Il reste un homme qui s'est enrichi en prenant pour lui toutes les subventions possibles et imaginables pour améliorer la situation, sans bien évidemment n'en rien faire. Surtout, il reste une ville, coupée en deux, et dont les quartiers sont surnommés l'Intraville et l'Extraville. C'est dans cette ville que l'on découvre Morrison, un policier qui ne sait pas trop quoi faire tant la situation est complexe. Des enfants adolescents ont disparu sans laisser de traces et on a un peu facilement accepté qu'ils auraient fui une situation pénible. Mais lors de l'une des ses patrouilles, tombe sur le corps d'un adolescent torturé, puis assassiné dans la forêt. Quel lien doit-il faire avec les autres disparitions ? Y a-t-il d'ailleurs un quelconque rapport ? Mais surtout pourquoi enterre-t-il le cadavre dans un jardin qu'il protège contre tous ? De son côté, Léonard, jeune homme qui vit lui aussi dans cette zone désespérante, a néanmoins entretenu des rêves, des envies, quelques amis (dont un certain Homme-Papillon). On suivra ses aventures d'un chapitre à l'autre. L'enquête s'enlise, les personnages se désespèrent. Y a-t-il une solution ? Et puis on croise des "mutants", des gens malades, des groupes qui se forment et se battent, tant la misère est compliquée à vivre.
John Burnside, sur cette trame, ne nous propose pas un polar nerveux avec, par exemple, la découverte d'un tueur en série d'adolescents qui s'amuserait dans une ville en pleine décadence. Ceux qui cherchent ce genre d'intrigues se tromperaient de livre. Non ! S'appuyant sur des décors qui s'effritent, des certitudes qui vacillent, des écrans de fumée qui font leur boulot d'écran de fumée, le romancier nous offre un texte littéraire, poétisé à l'extrême, labyrinthique, où il faut se laisser porter par le rythme, ne pas forcément attendre une solution policière et une intrigue qui se clôt. Le roman est avant tout pour les amateurs de choses (très) décalées, à l'instar d'un titre qui indique bien que l'on ne perce pas la nature des événements mais que l'on en distingue que des éclats si le soleil vient du bon côté.
Citation
Dans ce groupe, il y a ceux qui soutiennent que les garçons ont en fait été assassinés, et qu'ils sont sans doute enterrés quelque part dans les ruines de l'ancienne usine chimique, entre l'Intraville et la mer, où leurs corps se décomposeront vite, sans laisser de traces qu'on puisse différencier, des animaux morts et des restes non identifiables que les gens trouvent sans arrêt là-bas.