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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Maryline Beury
Paris : Archipel, mai 2024
382 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-8098-4839-7
Coll. "Suspense"
Flotte à peine...
Bienvenue à bord de L'Immanis, le summum du vulgaire bling-bling, cinq fois la taille du Titanic et tout pour exaucer les moindres caprices d'une clientèle majoritairement riche et âgée. Sauf lorsque l'un des clients est électrocuté dans un jacuzzi... Plus tard, alors que le bateau sillonne les Caraïbes, Lola la danseuse disparaît des passagers l'ont vue tomber à l'eau depuis le pont. Or sur ce genre de navire, tout est fait pour qu'une chute accidentelle soit impossible et la notion d'un suicide ne correspond guère au personnage. Bien sûr, impossible de la retrouver en pleine mer... Antonio, l'employé qui partage sa cabine avec Lola, est sûr qu'il va être accusé de meurtre, même s'il n'a rien fait. Puis un autre membre du personnel meurt assassiné, étouffé avec son oreiller. Y a-t-il un rapport ? Et d'ailleurs, Lola est-elle vraiment morte ? Et si toute cette histoire avait vraiment commencé il y a huit ans du côté de l'Écosse lorsque Anna Roberts, une jeune femme, s'était réveillée d'un long coma pour découvrir que celui qu'elle prenait pour son père était mort d'un probable suicide et, plus grave encore, n'était pas son vrai père ! Anna ayant en fait été enlevée à l'âge de quatre ans, même si elle n'en gardait évidemment aucun souvenir. La voilà obligée de retrouver sa "vraie" famille pour qui elle est une étrangère...
On a assez déploré la baisse de niveau du genre en Anglo-Saxonie, voué à un nouveau genre : le thriller Netflix. À savoir des ouvrages bâclés que l'on dirait uniquement conçus pour servir de base à un film des usines de production, promesses de beaux revenus. Et inutile de dire que la qualité n'est pas la préoccupation première. Ce thriller pourrait prendre la même voie, mais accroche dès un prologue bien senti. De plus, on apprend quelques détails sur la vie à bord de ces monuments de vulgarités que sont ces transporteurs de masse (notamment la morgue du bord). En revanche, on retombe dans les défauts du genre : une écriture basique que l'on croirait plus appropriée à un "jeune adulte", et une multiplicité de personnages à peine dessinés (mais on évite les écervelées dignes d'un had-I-but-know poussiéreux qui semblent s'ingénier à se fourrer dans les ennuis, trop présentes dans ce genre de roman) et dont beaucoup sont là pour remplir de la page. Mais alors que le livre s'appelle tout de même La Croisière, on se trouve soudain transporté dans une histoire huit ans plus tôt qui semble venir d'un autre livre et vire peu à peu vers la romance de façon inutile sinon pour racoler le public – en oubliant complètement le décor du bateau qui devient accessoire. Après les obligatoires sauts entre passé et présent qui ont bien du mal à tenir debout, le tout se clôt par une de ces histoires de complot d'une telle complexité, dépendant de tant de facteurs, que l'on se demande comment il peut tenir debout, même si Catherine Cooper n'insulte pas non plus l'intelligence du lecteur spectateur. Conformément à la doxa actuelle, le tout se termine sur une de ces vagues justifications de la vengeance absoute par une direction d'intention censée tout justifier, même une série de meurtres de sang-froid. Le lecteur occasionnel cherchant un livre de plage pas trop exigeant peut tenter (on a vu bien pire), le polareux averti, lui...
Citation
Je me rends compte que cette chambre est à moi. Que je peux décider de qui peut y entrer ou non. Pas comme à l'hôpital, où les gens frappaient mais entraient systématiquement, que ça me plaise ou non.