Le Mystère Nerval

À ce moment-là, s'il y a bien une chose qu'il a comprise en tant que meurtrier, c'est que tuer allait devenir une addiction. Il venait de se condamner à la quête d'une extase qu'il approcherait, sans jamais plus atteindre le même degré d'intensité, d'où la nécessité de toujours se renouveler et d'être créatif. Un tueur a finalement les mêmes obligations qu'un écrivain de littérature noire, s'il ne veut pas décevoir.
Pierre Pouchairet - Du sang sur le Quai
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Policier

Le Mystère Nerval

Historique - Médical - Artistique MAJ mardi 16 juillet 2024

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Diane Morel
Paris : Fayard, mai 2024
460 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-213-72577-2
Coll. "Noir"

Hallucinations véritables

Émile Blanche, jeune étudiant en médecine, travaille et fait ses stages chez son père, un aliéniste bien connu de Paris. C'est alors qu'ils reçoivent un homme trouvé dans la rue, avec du sang sur ses habits. Son discours est très confus et évoque notamment la déesse Isis. Il se trouve que ce "fou" n'est autre qu'un certain Gérard de Nerval. Émile Blanche doit s'occuper de ce cas et il lui semble que la poète a vécu un traumatisme et qu'il y a des éléments qui relèvent d'une attaque physique et non pas d'un épisode de folie. Pourtant le père de Nerval, lui-même médecin, débarque et tente de récupérer son fils, en parlant d'épilepsie. N'écoutant pas son propre père, qui lui demande d'approfondir ses cours et d'arrêter de courir des chimères, Émile Blanche va se lancer dans une enquête auprès des amis de Gérard de Nerval afin de découvrir ce qui se cache derrière ses "hallucinations". Tout d'abord il convient de retrouver la personne morte, la femme qui a perdu son sang sur les habits du poète. Comme Émile Blanche est en études de médecine, il peut faire le tour des salles d'autopsie, autant les officielles des facultés de médecine que celles plus occultes où certains étudiants s'entraînent. Séverine, jeune domestique de la famille, dont il est en train de tomber amoureux, au grand dam de son père, va l'aider dans son enquête, même si cela se révèle plus périlleux que prévu.

Voilà un roman qui joue le jeu à la fois de l'œuvre historique et du clin d'œil littéraire. Les amateurs connaissant sans doute déjà Émile Blanche, qui a dirigé la clinique du même nom, une clinique pour aliénés où sont passés, entre autres comme clients ou parfois comme invités pour des salons littéraires, Gautier, Nerval, Van Gogh (surtout le frère), Maupassant... Ici, il s'agit des débuts de l'aliéniste et c'est donc l'occasion de reconstituer derrière l'enquête les activités littéraires d'auteurs qui ont fait la joie (ou le malheur) des élèves - Théophile Gautier ou Gérard de Nerval, entre autres. L'arrière-plan historique permet de présenter l'état de la médecine en général (et celle de la psychiatrie en particulier) et une période historique peu présente dans les programmes scolaires, avec l'essor de la police, des méthodes scientifiques et le bouillonnement intellectuel de la vie parisienne. Tous ces éléments se conjuguent pour faire de ce livre un excellent roman historique, avec une intrigue policière classique qui a le mérite de présenter un personnage en construction, un jeune étudiant qui découvre l'amour et la mort, la violences des rapports sociaux et des normes, qui grandit en apprenant de ces désillusions. De ce point de vue, Le Mystère Nerval est intéressant et des pistes esquissées dans cet ouvrage laissent penser qu'il y aura une suite. Nous l'attendons de pied ferme. En attendant, pour un premier roman, Diane Morel a fait preuve d'une jolie maîtrise.

Citation

Je ne sais comment je gravis la colline et me retrouvai devant la grande bâtisse blanche. Gérard de Nerval me faisait signe de le rejoindre. Comme il s'inquiétait de ma pâleur, je lui annonçai que la police tenait l'assassin de Flore. Sans un mot, il m'attira vers lui et me serra longuement dans ses bras.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 16 juillet 2024
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page