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Inédit
Tout public
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Lise Belperron
Paris : Métailié, avril 2024
206 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 979-10-226-1353-8
Coll. "Noir - Bibliothèque hispano-américaine"
Bon pour la casse
Dans la ville, tout est affaire de contrôle. Qui contrôle qui ? Qui soudoie qui ? Qui peut faire disparaître qui ? Une toile d'influence et de corruption qui s'étend à tous les niveaux, du simple gangster de rue au politicien influent, et qui va se déchirer lorsqu'un simple vol de voiture mène au massacre. De ce qui s'est passé à la casse, personne ne sortira indemne.
Romancière et poétesse argentine fréquemment primée, Eugenia Almeida évolue sur le fil entre littérature noire et blanche, là où le style imprime son rythme à l'écriture. Avec La Casse, elle s'essaie à dessiner, par petites touches, le portrait impressionniste d'une métropole rongée par une corruption endémique et une violence toujours prête à exploser, juxtaposant de courtes scènes où l'on suit différents personnages, rarement nommés, dans des moments pas forcément signifiants d'une vie qui se déglingue. Car à vouloir épurer, ôter le gras de l'histoire pour n'en laisser que le noyau, Eugenia Almeida finit par évider l'intrigue, et dans la foulée, les personnages eux-mêmes, contraints à s'agiter entre tunnels de dialogues secs et monologues intérieurs creux dans des situations auxquelles, même en s'accrochant, on ne comprend pas grand-chose. Abusant du hors champ, où se déroulent tous les événements marquants du roman, elle aligne une galerie de personnages tellement interchangeables que l'on ne sait plus, à quelques exceptions près, qui est qui au bout de quelques pages. Lire La Casse jusqu'au bout revient donc à essayer de chercher dans des fragments épars le squelette de ce qui aurait pu être un grand roman noir, politique et engagé, si l'auteure n'en avait pas délibérément jeté les meilleurs morceaux aux chiens pour suivre la voie d'un récit expérimental, certes servi par un style percutant. Entre d'autres mains (David Peace, Gabino Iglesias...), le même cocktail peut faire des étincelles... Ici, il fait malheureusement pschtt.
Citation
La ville est sale. Les chiens maigres reniflent les ordures. Un homme se faufile dans un container et trie des cartons qu'il empile sur un côté. De jeunes garçons jonglent aux feux rouges avec des oranges amères. Les bâtiments gris aux abords du centre. Les quartiers pourris. Ses pieds avancent tout seuls, elle sait, elle aimerait tellement pouvoir aller ailleurs, mais où ?