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Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Mara Bergsson
Wasquehal : Méra, juin 2024
400 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-487149-09-0
Obsédés sectuels
Maja attend avec impatience le jour de son dix-huitième anniversaire, synonyme de liberté... Plus que les autres jeunes femmes : elle vit sous la coupe de ses parents, eux-mêmes affiliés à la secte "La lumière de dieu" qui lui interdit tout loisir, même de fréquenter ses camarades de classe. À ses dix-huit ans, elle espère bien rejoindre l'école de Kaggeholm, nettement moins stricte, où elle pourra faire épanouir ses dons pour le piano. En attendant, elle ronge son frein... jusqu'au jour où un jeune homme charismatique l'aborde à l'école en prétendant qu'elle est son élue. Maja en est persuadée, il est le chef des saboteurs dont les mauvaises farces font les gorges chaudes de la région d'Umeå. Pour la journaliste Selma Halivovic, chargée de couvrir l'affaire, ces plaisanteries commencent à devenir de moins en moins innocentes. Lorsque l'inconnu offre à Maja un téléphone portable, objet interdit s'il en est, et que sa sœur s'en aperçoit et la dénonce, Maja fugue et rejoint le groupe de saboteurs. Mais quel peut bien être le rapport avec ce suicide d'une ado diffusé en direct sur les réseaux sociaux&nbp;? Un suicide qui, pour Selma, n'en est pas un...
Ce roman suédois arrive un peu avec la dernière vague nordique. Nous noterons cependant qu'il n'a rien à voir avec les polars-valium du genre de ceux Viveca Sten. Et sa couverture (celle de l'édition originale), faisant penser à un thriller industriel plein de bruit et de fureur, donne une idée fausse du résultat : il s'agit d'un polar d'enquête relativement classique. Faute du détective-à-problèmes cher au regretté Michel Lebrun, on a ici une journaliste-à-problèmes à la vie personnelle compliquée et hantée par un événement du passé (y en a-t-il d'autres ?) – et sur laquelle on pourrait se poser quelques questions de déontologie au fil du récit. Quant à l'analyse de l'embrigadement dans une secte, mis également en avant, ce n'est là qu'un point de départ qui n'est pas vraiment fouillé. Le tout est plutôt bien mené, si on accepte cette distance avec les personnages qui sont l'apanage des polars nordiques (et font partie du plaisir, diront les aficionados). La construction savante du récit fait passer son côté classique. Comme souvent chez l'éditeur, on regrettera un certain abus de la note de bas de page, parfois quelque peu condescendant. Mais pour en revenir au roman en lui-même, si tous les points ne sont pas éclaircis au final, pourtant satisfaisant, comme il s'agit du début d'une série par un auteur qui a déjà une dizaine de romans au compteur, gageons que certains d'entre eux vont trouver un dénouement dans les volumes suivants...
Citation
C'était ce qui effrayait le plus Maja. Si ses parents, ou pire encore, le pasteur, l'obligeaient à quitter l'école, elle resterait sous leur contrôle pour toujours. Le compte à rebours qu'elle avait lancé jusqu'à son dix-huitième anniversaire n'aurait alors plus de raison d'être.