L'Italien

Ils avaient l'air de parfaits quidams, bien que leurs gabarits de sportifs accomplis ne trompent pas longtemps l'observateur averti. Ils ne se parlaient pas, ne se côtoyaient pas, pourtant ils n'étaient jamais bien loin l'un de l'autre.
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Roman - Thriller

L'Italien

Énigme - Guerre - Maritime MAJ lundi 26 août 2024

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 24 €

Arturo Pérez-Reverte
El Italiano - 2021
Traduit de l'espagnol par Robert Amutio
Paris : Gallimard, août 2024
438 p. ; illustrations en noir & blanc ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-07-302937-9
Coll. "Du monde entier"

En eaux troublées

Un journaliste espagnol, spécialisé principalement dans les documentaires historiques autour de la Seconde Guerre mondiale, cherche à retrouver les survivants, les derniers témoins d'une partie de la guerre oubliée : en 1940 des Italiens ont en effet monté des commandos sous-marins, sur des petites torpilles, afin d'aller couler des navires anglais ou américains dans leur ports d'attache. Beaucoup sont morts mais ils ont ainsi participé à l'une des (rares) pages glorieuses de la marine de leur pays. Il s'intéresse plus principalement à un commando qui se trouvait à Gibraltar, et aussi à une femme espagnole qui les a aidés. Cela construit le sens du roman qui va alors osciller entre son enquête et des retours en arrière un peu plus fictionnels afin de reconstruire ce qui a été, peut-être, la réalité historique. C'est ainsi que l'on découvre durant la guerre Elena, une Espagnole qui vit à la frontière avec Gibraltar. Son mari, marin, a été tué lors de l'attaque de Mers-el-Kebir, moment où les Anglais ont bombardé la flotte française pour ne pas qu'elle tombe aux mains des ennemis. Depuis, Elena travaille dans sa librairie et passe parfois la frontière pour voir un vieil homme, son collègue du côté de Gibraltar, qui a besoin de son aide depuis que sa propre femme est alitée. Mais un soir, alors qu'elle promène son chien sur la plage, elle récupère, sauve et soigne un homme blessé. C'est l'un des soldats italiens qui, depuis l'enclave espagnole, discrètement, avec son commando, attaque les bateaux à quai dans le port anglais. Le tout en se faufilant avec des petits engins sous-marins en forme de torpille. Les Anglais sont sur les dents car ils ne savent pas d'où viennent les ennemis et ils pensent que des sous-marins patrouillent aux larges des côtes. Mais le responsable de la défense soupçonne que quelqu'un les renseigne depuis la côte. Pourquoi pas cette Espagnole qui traverse la frontière ? Peu à peu, une liaison se noue entre l'officier italien et la jeune veuve. Une relation complexe car il ne faut pas qu'on les surprenne et parce qu'aussi les camarades italiens se méfient de cette femme. Comment tout cela peut-il finir ?

Même si le suspense est quelque peu gommé par l'enquête du journaliste, qui racontant aujourd'hui laisse imaginer la fin, L'Italien va se concentrer sur l'atmosphère de la presqu'île de Gibraltar, et de la lutte entre des officiers italiens et l'armée anglaise. Le rôle de la veuve apparait peu à peu et garde son aura de mystère : pourquoi aide-t-elle cet officier ? Le récit d'Arturo Pérez-Reverte est reconstitué avec soin et sérieux. La fin est particulièrement dramatique et montée comme une scène de cinéma, et l'ensemble est bien construit. Mais on peine à s'intéresser à l'histoire, aux enjeux, aux côtés un peu guindés des Anglais qui se croient dans un univers de théâtre et de fair-play face à des Italiens patriotes mais pas forcément fascistes, et une femme ténébreuse qui ne dévoile que peu de choses. Il manque des éléments, un peu d'angoisse des situations. Le livre semble bien léché, attendant une adaptation académique, empesée, intéressante et ennuyeuse à la fois.

Citation

C'est un véritable marin de guerre, constate Squarcialupo, et les années en mer ont laissé leurs traces sur les traits creusés de rides et les yeux lavés par le soleil de plusieurs océans : des yeux froids, sans expression, qui étudient les deux Italiens de la tête au pied, s'arrêtant attentivement sur leurs combinaisons tachées de sel et de graisse, sur leurs paupières rougies et leurs visages fatigués où l'on distingue une barbe de vingt-quatre heures.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 26 août 2024
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