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Grand format
Inédit
Tout public
296 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8126-2588-6
Coll. "La Brune"
Quand les Grecs baragouinent
Imaginez un futur proche. La Grèce, encore plus endettée qu'aujourd'hui, a vendu aux milliardaires américains quelques belles îles de son patrimoine. Ainsi, isolé du monde, Mark Z. s'est offert une terre où sont venus le rejoindre ses amis. Il a refondé un univers hellénistique où, en relisant Platon, il est devenu le maître avec quelques uns de ses amis. En dessous d'eux quelques soldats et dirigeants surveillent la piétaille, peuplée d'esclaves qui ont perdu tout droit et que les riches peuvent tuer quand ils en ont envie. Depuis cette île, Mark Z. a recrée une sorte de métavers s'appuyant sur les technologies du cloud et il est à même de détruire tout ou partie de la planète s'il le veut. Le reste de la terre le surveille. Et comme il parait que l'on est en train de mettre au point une nouvelle arme, les services secrets français ont décidé d'utiliser l'une de leurs taupes sur l'île afin d'infiltrer une équipe d'agents secrets pour en savoir plus. Dès qu'ils sauront quelque chose, ils préviendront et les armées grecques et les françaises pour attaquer l'île. Narval, nom de code d'un excellent agent des services secrets, est donc chargé de la mission d'infiltration mais, à peine arrivé sur place, il est sidéré par la violence locale. Les deux enfants adoptifs de Mark Z. ont l'air bien étrange, et il ne sait s'il pourra s'aider de son équipe qui doit accomplir un entraînement assez rude dans les stades de l'île. Peu à peu,, Narval comprend qu'il y a des clans dans les hautes sphères de l'île, des oppositions, une sorte d'univers parallèle auquel on peut accéder par la pensée et peut-être même l'invasion de notre réalité par des descendants des Atlantes qui auraient vécu sur une autre planète du système solaire. Dans une confusion assez totale pour le personnage (presque identique à celle que subit le lecteur), nous allons assister aux passages d'une réalité à l'autre, dans une suite de complots et de rebondissements plus clairs.
Le roman de Jean-François Paillard est tout d'abord un texte à clef, exposé de manière assez transparente (Mark Z. n'en est qu'un exemple) pour raconter cette sécession réelle que les milliardaires tentent de pousser dans leur logique ultime. D'autres part, c'est une reconstitution parodique du modèle athénien dont on ne perçoit pas forcément l'intérêt. Ensuite, c'est un roman qui se veut d'espionnage : il y a des complots, des groupes terroristes qui veulent prendre le pouvoir, des armes inconnues, des infiltrations pour en savoir plus. Enfin c'est un roman de prospective futuriste avec des réalités augmentées qui contiennent des Atlantes venus d'on ne sait trop où et dont les buts sont assez étranges. Le tout se mélange de manière tout aussi étrange à travers les yeux d'un personnage qui ne comprend pas tout et essaie de donner un sens à ce qui peut-être n'en n'a pas. Toujours est-il que le lecteur se sent comme passé dans une machine à laver qui tourne fortement, avec un récit assez fuyant (même si nous sommes prévenus par une citation de Bouvier en exergue : "Si vous n'avez pas compris, vous risquez bien de vous en souvenir plus longtemps" dont je ne suis pas certain qu'elle s'appliquera à ce texte. Il y a un peu d'humour aussi dans ces agents secrets français qui sont plus dans la veine OSS117 (version Dujardin) que celle des hommes sortis de John Le Carré.
Citation
Les autres, autrement dit mon voisin, moi-même et tous les Richards qui ont la générosité de nourrir des parasites comme moi, nous nous pavanons sur de larges bancs de pierre garnis de coussins à glands, qu'ombragent des dais marqués des sceaux des familles les plus riches de l'île : Zackenberg-Alcméonide, Dusk-Pisistratide, Bates-Agiade, HUhan-Bouzyge, etc.