Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (Irlande) par Georges-Michel Sarotte
Paris : Points, mars 2010
256 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-1751-3
Coll. "Roman noir", 2359
My kingdom for a dog
Julius Winsome vit seul dans sa maison au fond des bois, dans le Maine. Seul avec son chien qu'il a appelé Hobbes. Seul au milieu des centaines de livres que son père lui a laissé. "Si je devais en une phrase résumer ma vie jusque-là, je dirais qu'à un certain moment j'ai vécu dans un chalet durant cinquante et un ans." Un homme tranquille jusqu'à ce qu'il retrouve son chien blessé mortellement : un coup de fusil tiré à bout portant. Malveillance pure de la part d'un chasseur. Dès lors, Julius se repasse mentalement la bande sonore de ce coup de fusil. Mais il n'essaie pas de comprendre, il n'essaie pas de savoir qui exactement à fait ça. C'est un chasseur. Ce sont tous les chasseurs. S'ils paient tous, le vrai coupable sera forcément dans le lot.
Il prend son fusil et s'enfonce dans la forêt épaisse. Il traque, il se cache, il tire. Et il se souvient de son père, de son grand-père, des armes qu'ils ont rapporté de leurs guerres à eux. De leurs colères et de leurs silences. De cet héritage de violence qu'ils semblent avoir voulu fuir en s'installant ici, loin de tout. Et c'est justement cette violence qui ressort, comme si elle était tapie, n'attendant qu'un prétexte. Le livre s'enfonce de plus en plus dans la folie d'un homme qui ne cherche pas à comprendre ce qui se passe. Lentement, les pieds dans la neige, les doigts engourdis par le froid qui peinent à tourner les pages de Shakespeare, cet amoureux des mots s'enferme dans une issue qui ne peut être que tragique. Jusqu'à ces dernières pages où face à un policier qu'il tient en joue, il hésite entre appuyer sur la détente et se servir un thé. "Est-ce la cause de tout ça, un chien ?" lui demande l'homme qui s'apprête à mourir. Oui, tout ça à cause d'un chien, le chien du fusil, l'engrenage qui fait basculer la vie d'un homme dans l'engrenage de la folie. Ce sont justement ces dernières pages qui donnent toute leur dimension au livre, cette conversation entre un fou et un homme aux abois, ces lignes où l'on comprend à quel point plus rien n'a d'importance pour Julius Winsome, où l'on voit à quel point il est mort depuis longtemps.
On en parle : L'Indic n°23
Citation
J'étais un bâton menaçant l'univers. J'ai regardé ma main qui agrippait la crosse. J'étais le fusil. J'étais la balle, la cible, la signification d'un mot qui se dresse tout seul. Voilà le sens du mot 'vengeance', même lorsqu'on le couche sur le papier.