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Grand format
Inédit
Tout public
128 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-88958-571-7
Coll. "Marcher avec"
De la douceur dans un monde de brutes
Je ne sais pas si c'est de la synchronicité, mais voilà que vont paraitre à peu d'intervalles deux livres d'auteurs français, plutôt connus dans le monde du polar, et qui signent un livre autour d'un fait divers (le second étant Caryl Férey). Et pourtant ce sont deux livres différents - intéressants les deux, mais différents. Caryl Férey et Pascal Dessaint s'intéressent à deux femmes différentes à la trajectoire différentes et qui leur ressemblent, quelque part. Mais attardons-nous sur l'ouvrage de Pascal Dessaint, objet de cette chronique. L'auteur entend parler d'une femme qui a quitté le monde "civilisé" pour vivre dans la forêt, courant les montagnes et les bois, vivant de peu et s'approvisionnant parfois dans les maisons vides. Il semble même que des habitants, des êtres compatissants ou peut-être des gens qui auraient aimé avoir son courage, lui laissent dans des endroits abrités des couvertures, des habits, de la nourriture. Pascal Dessaint est lui aussi un être très attiré par la nature, les animaux et certains de ses "petits" textes (petits par la taille) évoquent ces impressions, ses souvenirs, décrivent les oiseaux, etc. Toujours est-il que notre auteur décide de se mettre en route, de regarder ces cartes et d'essayer de croiser le chemin de la femme sauvage. Il ne veut rien de particulier, juste l'apercevoir ou peut-être lui parler. De toute façon, dans toute quête, ce qui est aussi important, c'est la façon de suivre la route, c'est le processus plus que le résultat. Pascal Dessaint sait écrire et au fil de sa marche, de sa description soit de phénomènes naturels, soit de détails sur un animal qui passe, soit sur une courte rencontre avec un humain, il enchante le monde de manière discrète et efficace. Nul besoin de voyage exalté au bout du monde, dans des conditions éprouvantes. Ici, il y a juste le pas calme d'un homme qui retrouve un monde qui tend à disparaître, une silhouette, un bruissement dans l'air qui pourrait être la femme sauvage le surveillant, une sorte de satori permanent, léger, poétique, parsemé de références littéraires, d'odeurs… En résumé de vie. Quand le roman noir sait regarder la face éclairée du monde, il en sort une beauté sourde et magique. Et Pascal Dessaint est maître en la matière !
Citation
J'ai eu envie alors de me réfugier dans les Pyrénées que j'aime, le Couserans sauvage où je profitais de la cabane d'un ami, perdue au fond des bois. Je pensais que ça pourrait me laver de toute l'horreur.