Captagonia

Roman - Espionnage

Captagonia

La drogue aussi comme arme de guerre

Maïssa Thabet vient de passer quelques années à se remettre d'un attentat où a disparu son compagnon. Thabet est une policière d'origine française et palestinienne et sa connaissance du pays (où son père est un haut fonctionnaire de l'autorité palestinienne) lui a servi, en plus de ses compétences propres. Elle est revenue aux affaires et on lui a proposé de reprendre tout de suite le travail. En effet, une nouvelle drogue, le captagon, fait des ravages. D'une part, cette drogue est devenue la principale source de financement de la Syrie et, d'autre part, le gouvernement syrien a dû se joindre à des financeurs et chimistes russes pour augmenter sa production. Or l'idée des russes est de profiter de l'occasion pour, à un moment donné, diffuser une drogue trafiquée, mortelle, afin d'affaiblir l'Occident. Pour l'instant, les Russes ont fait un petit test en glissant juste quelques doses mortelles au milieu des paquets à destination de l'Europe. Mais ça attire l'attention des services spécialisés occidentaux et surtout ça ennuie un gros trafiquant français qui est bien désolé de perdre des clients. En réaction, il refuse de payer la livraison, ce qui va obliger les Russes à envoyer des hommes pour les faire fléchir, y compris en enlevant le frère et associé du trafiquant. Ces événements permettent cependant de voir quelques rouages du système pour les policiers. En même temps, afin de montrer patte blanche, les Russes et les Syriens ont décidé de faire un coup d'éclat : ils vont créer un trafic et faire abattre ceux qui s'y livrent afin de se débarrasser à la fois de gangsters locaux témoins de leurs trafics et de faire croire aux Occidentaux qu'ils luttent contre le trafic... Mais Samir, le chef du réseau, n'est que blessé et décide de parler. Pendant ce temps, Maïssa Thabet est envoyée en Syrie, sous surveillance, pour vérifier que le gouvernement syrien fait des efforts, et en même temps, avec l'aide de Samir, trouver les laboratoires secrets et les indiquer par GPS pour de futurs bombardements occidentaux. Pris dans des filets complexes, pourra-t-elle s'en sortir ?

Nous ne résumons ici que le début du roman, qui s'ancre principalement autour de la figure de Maïssa Thabet, mais n'oublie pas de laisser une place aux Russes, aux Syriens, aux trafiquants. Construit avec soin, pour faire progresser l'histoire en maintenant un suspense intelligent, le roman de Pierre Pouchairet montre aussi combien l'auteur est informé (c'est sans doute la raison pour laquelle le texte a obtenu un grand prix du roman d'espionnage récemment) et sait glisser les informations au sein d'une histoire sans l'alourdir. Les détails sur l'action sont aussi précis que ceux sur la psychologie des personnages, proposant là aussi des vues intéressantes et évitant le manichéisme. Captagonia continue une œuvre forte et qui mérite de se trouver dans toute bibliothèque.

Citation

Il n'avait jamais voulu avoir une vraie famille. Pas envie de la voir se faire massacrer. Il respira profondément et regarda le portrait du Président qui ornait le mur en face de lui. Il avait servi son père et il allait faire preuve une dernière fois de fidélité au clan. À la nation. À la grande Syrie.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 18 octobre 2024 partager : | |