Une fervente lectrice

Roman - Thriller

Une fervente lectrice

La possibilité d'une île

Écrivain de romans dits de terroir connaissant un certain succès, Alain Codier se remet mal de la perte de son épouse et de sa cinquantaine qui s'installe. Pour retrouver l'inspiration, il décide de s'isoler complètement : ce sera l'île privée d'Enez-Bihan, au fin fond du Morbihan. Un seul résident, ou plutôt résidente à l'année : Marguerite Gautier, la propriétaire qui, contre toute attente, se révèle être une accorte jeune femme. Mais elle finit par se révéler une ardente lectrice de Codier... Tout en réveillant ses sens, elle décide aussi de l'aider à retrouver le feu sacré de l'écriture. Il finissait par tourner en rond dans ses romans du terroir ? Elle lui suggère d'aborder un nouveau genre, le thriller. Elle devient peu à peu sa muse alors que les sentiments qui les lient s'exacerbent. Au point qu'elle lui donne les grandes lignes de son roman à venir. Mais quelles sont ses véritables intentions ? Qui est véritablement Marguerite Gautier, cette lectrice fidèle ?

L'intrigue de ce roman rappellera au lecteur averti Misery, un autre huis-clos méta entre un auteur et une fan voulant le faire écrire. Mais sous ce titre un peu plat, loin du nihilisme du roman de Stephen King, Daniel Cario choisit plutôt les eaux profondes du suspense psychologique. Une étiquette qui en général sert à justifier des pages et des pages de remplissage, mais pas là. Déjà, il suffit de voir la bibliographie impressionnante de l'auteur pour se convaincre de son métier. Ensuite, le portrait de son anti-héros en fait un narrateur plutôt attachant. On passera sur l'aspect méta bien traité. Daniel Cario est un spécialiste du roman "de terroir", et il aborde un genre qui lui est inhabituel — car s'il n'en porte pas l'étiquette, il s'agit bien d'un suspense. Évidemment, on se doute plus ou moins de la façon dont les choses vont mal tourner, mais c'est la façon dont elles arrivent qui prend le lecteur par surprise. On pardonnera donc quelques minuscules facilités, comme cette grande scène finale un brin hitchcockienne. Mais le contrat avec le lecteur est maintenu : il n'y a pas une seule longueur et s'il ne faut pas s'attendre à un thriller industriel plein de bruit et de fureur, on garde constamment l'envie de savoir ce qui va se passer, marque d'un roman de genre réussi. Avec en prime ce supplément d'âme qui vient de ce petit détail qui s'appelle le talent...

Citation

Sous son caban, elle est apparue en pull bleu nuit moulant, son jean lui serrait les hanches au plus près : naturel, décontracté, esthétique et érotisme se combinaient en un tableau des plus charmants. Aux pieds des baskets, ses cheveux libres oscillaient de chaque côté de son visage à peine maquillé. En sauvageonne, elle était tout aussi adorable.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 28 octobre 2024 partager : | |