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Le Voleur de talents
Grand format
Inédit
Tout public
120 p. ; illustrations en couleur ; 22 x 14 cm
ISBN 9782-4-875-2603-7
Écrire proprement des mémoires
Voici un texte assez court mais qui se révèle en même assez dense. Plutôt que d'écrire une autobiographie, exercice sans doute complexe et qui peut facilement tourner à l'hagiographie, François Darnaudet a décidé une approche différente. De fait, connu principalement pour une œuvre aux confins des mauvais genres, peuplée de titres policiers, fantastique, science-fictifs, voire western, parus chez bon nombre d'éditeurs et de collections, l'auteur a également été une modeste cheville ouvrière d'une page de l'histoire littéraire française, avec son passage par Hara-Kiri et Fluide Glacial. Se pose alors la question de comment parler de cette période en évitant le didactisme, de tirer la couverture à soi. François Darnaudet part d'un principe romanesque humoristique, en s'inspirant d'un romancier aujourd'hui passé de mode (et c'est bien dommage), Georges Darien. Pour les amateurs, quelques livres sont encore disponibles et sont extrêmement lisibles et pour les fans d'image, il est possible de visionner Le Voleur, de Louis Malle, adaptation classique et bien faite du titre homonyme. François Darnaudet utilise donc cette parabole du voleur en racontant l'histoire des milieux de l'époque, en prenant le rôle d'un voleur, d'un petit anonyme qui arrive à se faufiler dans les rédactions et à s'emparer de pages originales d'œuvres principalement de BD ( une partie des œuvres volées est représentée en compléments des mots). Cela permet de se faire une idée du foisonnement intellectuel et artistique, de croiser des auteurs majeurs du genre, dont Druillet, Cestac et Moebius/Giraud. En filigrane se dresse également le portrait du professeur Choron, grand agitateur culturel de ces années, parfois décrié, parfois adulés et qui poussa la provocation et le dilettantisme au rang d'œuvre d'art. Les amateurs découvriront même des auteurs aujourd'hui oubliés dont l'itinéraire est évoqué à la fin par un petit dictionnaire des personnalités, lui aussi entre érudition et humour. Une petite maison d'édition nous propose donc ici, des "mémoires" un peu décalées mais qui réussissent à ressusciter une période, une vitalité, un monde qui renait à nos yeux ou qui permettront à de nouvelles générations de s'ouvrir à une page de notre culture.
Citation
En questionnant habilement les uns et les autres, je finis par savoir la date des jours où seraient réalisés les clichés des différentes planches qui constitueraient Snark numéro zéro. L'art de choisir quoi voler est, je les crois de plus en plus, un don. Voire, a minima, un savoir-faire.