Contenu
Darwin, le dernier chapitre
Grand format
Inédit
Tout public
462 p. ; illustrations en noir & blanc ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35720-796-7
Quand naquit l'évolution
Nous sommes en 1831. Le Beagle, un navire dirigé par le commandant Robert Fitzroy, s'apprête à partir pour un long voyage de trois ans autour du monde pour récolter des informations cartographiques précises afin d'accentuer l'avancée de la marine anglaise. Le commandant est un peu inquiet car son prédécesseur s'est suicidé et il pense que sa neurasthénie a aussi pour cause le fait d'avoir été un commandant solitaire et sans ami sur le bateau. Aussi, il a décidé de prendre quelques passagers avec lesquels il pourra discuter. Il y aura notamment un artiste peintre chargé de dessiner les paysages rencontrés, un pasteur qui accompagne des habitants indigènes qu'il convient de ramener dans les îles où ils ont vécu avant d'être emmenés pour présentation en Angleterre. Et puis un savant qui se pique de botanique, de zoologie, de naturalisme et entend prouver qu'il y a une origine commune aux espèces comme semblent le penser ses maîtres à l'instar de Buffon et qui a accepté l'idée de monter sur Le Beagle tout en payant son passage. Cet homme, un certain Charles Darwin, parvient à convaincre son père de lui prêter l'argent nécessaire. Peu à peu, malgré quelques critiques et mouvements d'humeur de part et d'autre, une conversation entre "gens civilisés" s'installe sur le navire. Le voyage débute mais tout n'est pas simple car le temps est à la tempête, les conversations sont parfois tendues entre le pasteur et cet exalté de Darwin, le commandant a du mal à ne pas sombrer dans des états dépressifs, des malades ponctuent le voyage et Darwin lui-même commence même à souffrir de maux de ventre. Lorsqu'un dessinateur trouve la mort, attaqué par des tribus cannibales pendant une excursion scientifique sur une île, tout devient encore plus inquiétant et un policier, qui était engagé sur Le Beagle pour accompagner les indigènes qui rentraient chez eux, se pose bien des questions...
Raconté par plusieurs journaux intimes, des années après les faits, tenus par des participants à ce voyage, le récit de Michel Moatti s'appuie sur une part policière qui reste légère et en arrière-plan. On comprend qu'il y a sans doute des éléments mystérieux derrière les maladies diverses qui provoquent la fatigue de certains passagers ou hommes d'équipage, mais l'essentiel tient dans la description du voyage en lui-même. On découvre là des développements scientifiques (la recherche par Darwin des preuves de sa théorie), récit sur la mise en coupe réglée de la nature mondiale et de la géographie par des militaires qui organisent le terrain pour de futures colonisations, des discussions sur la nature des sauvages et sur la primauté de Dieu. L'auteur s'attarde sur une période faste en rebondissements philosophiques liés à cette découverte du monde. Le voyage, les théories, les controverses, tout est reconstitué à l'intérieur d'un récit d'aventures bien mené, d'un petit suspense intelligemment diffus, pour créer un roman à la lisière de l'essai instructif et de la fiction qui permet de faire passer des informations très importantes. L'air de rien, Darwin, le dernier chapitre pourrait être un texte à offrir aux élèves et étudiants, ou à tous ceux qui se piquent d'envie de savoir, pour y découvrir un des moments fondateurs de notre modernité.
Citation
J'avais à l'époque du Beagle tout juste un an de moins que Darwin, mais je possédais beaucoup plus de mer que lui. Pour parler franchement, il n'avait aucune connaissance des choses du large et de l'océan.