Jason Bourne : la traîtrise dans la peau

Alors écoutez-moi. Acceptez la violence comme un état naturel, fondamental. Acceptez-la comme la friction des particules permettant à la matière d'être stable. La violence permet que vous existiez.
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Roman - Espionnage

Jason Bourne : la traîtrise dans la peau

Politique - Énigme - Terrorisme MAJ mardi 17 décembre 2024

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

Brian Freeman
Scénario adapté de l'œuvre de Robert Ludlum
The Bourne Treachery - 2021
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Vigneron
Paris : Archipel, novembre 2024
406 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-8098-4734-5
Coll. "Suspense"

Le métier dans la peau

Trois ans plus tôt, à Tallin, en Estonie, Jason Bourne et sa compagne Nova vont exfiltrer Kotov, un activiste anti-Poutine venu de Saint-Pétersbourg qui pourtant et qui pourtant a été membre du KGB sous les ordres du futur dictateur. Mais le ferry qui emmène le dissident vole en éclats : un échec signé d'un agent de l'ombre à la solde de Poutine nommé ironiquement Lennon... Aujourd'hui, Jason Bourne quitte sa chère Paris pour Londres où doit se tenir le sommet de l'OMC. Alors que les cadavres s'accumulent, il devient évident que le sommet est sous une double menace : celle de la Croisade de Gaïa, une organisation d'écoterroriste, et celle de Lennon, sorti de sa retraite. Or Sorokine, un oligarque russe sous mandat d'arrêt, va venir à Londres pour le sommet, ce qui veut dire d'autres projets écocides pour ce plus grand pollueur de la planète – ce qui en fait la cible idéale de Gaïa. Une autre cible est l'avocat de Wall Street, Clark Cafferty, qui a voulu par le passé imposer une économie à l'occidentale à l'ex-URSS, qui est partisan d'une ligne dure face à Poutine et qui prépare de nouvelles sanctions contre les oligarques russes. Jason Bourne aura une aide inattendue, celle de Nova, qu'il croyait morte dans un attentat terroriste. Mais l'insaisissable Lennon a une longueur d'avance sur lui : normal, il a été proche de Bourne durant la partie de son existence qui effacée de sa mémoire... Que sait-il que Bourne lui-même ignore ?

Décidément, plus ça change, plus c'est la même chose, soupire votre humble chroniqueur avec un sens très sûr du lieu commun. Jason Bourne, James Bond, "l'homme gris" et leurs innombrables clones, on en revient toujours à la même chose, même si les "centrales d'énergie" chères à John Buchan ont changé. Pour cette seizième (!) histoire, la deuxième de Brian Freeman qui a repris le flambeau d'Eric Van Lustbader, il est évident que l'auteur s'est plus inspiré des films que des romans de Robert Ludlum (qui a tout de même remporté le Grand prix de littérature policière avec le tome inaugural, rappelons-le). Soulignons que c'est normal car Bourne avait quarante ans dans les années 1980 et serait donc aujourd'hui en Ehpad. Cette nouvelle itération a donc trente ans de nos jours. On y retrouve un méchant plus Bondien que chez Bond, des oligarques russes fourbes, des courses-poursuites — Bourne étant un peu moins machine à tuer que dans les films et ayant parfois des doutes —, des substitutions d'identité, des personnes-qu'on-croyait-mortes-mais-qui-ne-le-sont-pas (un peu trop, quand même, on commence à étirer un chouïa la suspension d'incrédulité)... En revanche, Brian Freeman est clairement un meilleur écrivain qu'Eric Van Lustbader. Reprenant une partie du style parfois excessif de Robert Ludlum, il mène tous ces éléments connus à un rythme effréné avec même de vrais bouts d'idées dans le mix (Le QR code caché dans un tatouage) et des petits moments où il se fait plaisir par le style en rappelant qu'il n'est pas qu'un faiseur de soupe cynique. La fin offre même une série de surprises et de révélations assez costaudes, notamment la dernière, et même un bon petit suspense là où en n'attendait pas autant. Pas de doutes, on sent la fierté de l'artisan qui se soucie d'offrir au lecteur ce qu'il demande sans insulter son intelligence : à un roman populaire, on demande plus l'efficacité que l'originalité. Vu la recrudescence de séries de néo-espionnage dignes des années de l'après-guerre (où la qualité était rarement au rendez-vous), celle-ci tient le haut du panier. À ce jour, Brian Freeman a écrit deux autres Jason Bourne, et il existe une série dérivée intitulée "Treadstone", non encore traduite. De quoi voir venir...

Citation

Nova devint l'une de ses premières recrues et, bientôt, l'un de ses meilleurs agents. Elle abordait chaque opération comme une façon de venger la souffrance d'une enfant de sept ans. Mais rien ne changeait sa noirceur intérieure. C'était une femme sombre jusqu'au bout des ongles : peau sombre, cheveux sombres, âme remplie d'une fureur froide et sombre.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 17 décembre 2024
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