Tour mort

Dans cette lutte âpre qui oppose la police aux malfaiteurs des banlieues, c'est un bain de jouvence lorsque nous avons affaire à des gangsters de la 'vieille école'.
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Roman - Noir

Tour mort

Braquage/Cambriolage - Road Movie - Artistique MAJ jeudi 19 décembre 2024

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17,5 €

Stéphane Grangier
Rennes : Goater, avril 2024
280 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-38367-027-8
Coll. "Goater noir"

Main gagnante pour la mort

Un matin normal dans un quartier de la ville de Rennes. Un peu à l'écart, une maison de la poésie où un écrivain sud-américain exilé est en résidence et s'occupe aussi du ménage (car la ville et le centre sont pauvres). Ce matin, arrivent un retraité qui aide à l'organisation et la directrice car bientôt les invités vont débarquer pour assister à une conférence. Quelques kilomètres plus loin, trois hommes, au passé tumultueux, se sont associés pour braquer une banque. Parmi eux, un homme qui sort de prison et a décidé qu'il fera tout pour ne pas y retourner. Ils se mettent en route et entrent dans la succursale. Mais un des employés de la banque a un mouvement d'humeur et est abattu. Les trois hommes s'enfuient alors que l'a police est prête sur place. Le quartier est bloqué. Abandonnant leur véhicule, les trois malfrats entrent dans la première propriété qu'ils trouvent. C'est la Maison de la poésie. Par refus d'aider la police et peut-être par peur des représailles, le gardien qui répond au coup de sonnette des policiers déclare qu'il ne sait rien alors qu'il a bien compris que les trois personnes qui viennent d'arriver pour la conférence ne sont en rien des amateurs de poésie. Mais la police a aussi des drones et repère le comportement étrange de ces trois gugusses au milieu du parc. C'est alors que les trois gangsters prennent en otage ceux qu'ils viennent d'embêter et envisage une fuite éperdue...

Au départ de Tour mort, entre la vie des membres de la Maison de la poésie et les débuts du braquage, on est en plein dans le polar classique, avec des personnages un peu caricaturaux ou stéréotypés, et puis peu à peu on s'aperçoit qu'entre les rêves et les aspirations, entre la poisse et le côté noir, on entre dans un roman où les paumés tentent de s'en sortir, mais sans véritables solutions. De plus en plus, au fil des pages, le côté un peu ironique devient pessimiste et la course poursuite s'enfonce, de manière lente mais précise, comme découpée au scalpel, dans les ténèbres de l'âme humaine, dans cet endroit où l'idiotie, la bêtise et les déterministes pèsent plus que la réalité. Cette plongée est vertigineuse et racontée avec soin par Stéphane Grangier, un auteur qui sait le faire - avec aussi, une contre intrigue intrigante jusqu'au final. Entre le bucolique un peu kitsch du début avec cette maison apaisée presque campagnarde au milieu de la ville et un final qui reste aussi dans des zones rurales au sein de la nature, on a suivi une cavale qui sombre dans le noir, parce qu'il n'y a pas moyen de faire autrement, parce qu'il n'y a pas de solution, parce que c'est comme ça.

Citation

Et puis elle n'avait toujours pas préparé le café de Ramon, le réfugié péruvien, le poète malade. Les structures culturelles avaient trouvé un moyen de l'aider en en faisant un animateur enfants bénévole qu'on chargeait également du gardiennage, puisqu'il vivait là. Dans un pays moderne et civilisé, on ne pouvait laisser tomber le poète.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 19 décembre 2024
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