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Tout public
Traduit du russe par Thierry Marignac
Paris : Moisson rouge, janvier 2010
250 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-914833-90-5
Actualités
- 07/04 Librairie: Signature Valdimir Kozlov : léger rectificatif
Les éditions Moisson rouge nous signalent que la rencontre avec Vladimir Kozlov prévue le jeudi 8 avril à la librairie du Globe* ne commencera pas à 18 h 30 comme annoncé précédemment mais à 19 heures. Et précisent que la soirée sera accompagnée d'un "cocktail franco-russe"...
* Librairie du Globe
67 boulevard Beaumarchais
75003 Paris
Avenir radieux
Dans les années 1950, Ed McBain avait eu un début de reconnaissance avec son travail sur Blackboard Jungle, un ouvrage qui décrivait les adolescents de l'Amérique d'alors. Il lançait la vague sur laquelle allait surfer James Dean et son rebelle sans cause. En pleine guerre froide, il pouvait être intéressant de voir comment les "ennemis" de l'Est géraient leur jeunesse, mais ce travail littéraire n'a été effectué que pour la période suivante, au début de la Perestroïka. Sur ce fond politique, où surnagent les restes du communisme avec des professeurs marxistes, des sorties le 1er-Mai pour défiler, l'obligation d'adhérer aux jeunesses communistes, nous suivons les traces d'une bande de lycéens âgés d'environ quatorze ans sous la plume de Vladimir Kozlov.
Le personnage central de Racailles est un bon élève, mais dans le système pernicieux russe, il ne réussira pas et ses camarades savent comment l'entraîner sans trop de difficultés du côté obscur de la fameuse Force. En Russie encore aujourd'hui, les gens meurent en moyenne plus jeunes que dans le reste de l'Occident. Service de santé défaillants ? Hygiène problématique ? Dans Racailles on découvre surtout une hygiène de vie particulière : grands ensembles nauséeux, alcoolisme forcené, bagarres incessantes pour racketter deux roubles six kopecks, cigarettes pour voir le monde à travers une fumée bienfaisante. L'Union soviétique des années 1980 ne connaît pas encore la drogue, ce qui la différencie de son alter ego capitaliste, mais à suivre les aventures du narrateur nul besoin de rajouter cela pour se déglinguer.
En filigrane, les pressions de la société explicitent ses choix adolescents : alcoolisme des adultes, bureaucratie crasse et ignorante, policiers corrompus et sadiques, service militaire et prison comme moyen de violer les consciences et les corps. Le personnage cherche désespérément à baiser à droite ou à gauche mais ne trouve jamais de quoi se satisfaire, ou alors quand enfin il rencontre quelqu'un, ils sont tellement ivres qu'ils ne se rappellent de rien et au petit matin, ce sont surtout des taches de vomi qui les recouvrent.
Longue et lente déglingue, ponctuée par un final "normatif" encore plus angoissant, Racailles est à la fois une description rude du monde russe des années 1980 et une chronique de l'adolescence moderne de l'ensemble du monde occidental, un coup de poing, brut, d'où nulle échappatoire n'est possible, un étouffement lent symbolisé par cette suite d'événements identiques, dans un décor oppressant.
Citation
Quelqu'un entre dans les toilettes au pas de charge, secoue la porte de ma cabine avant de bondir dans la cabine voisine et de se mettre à vomir. Pendant ce temps, ma crotte tombe dans l'eau. Des gouttes m'éclaboussent le cul. L'eau est froide, c'est désagréable.