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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Estelle Roudet
Paris : Le Seuil, février 2010
462 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-097769-2
Coll. "Policiers"
Une journée ordinaire dans la vie d'un flic
Benny Griessel est un inspecteur de la police criminelle du Cap. En passe de devenir capitaine, il est à cette période de la vie où tout peut et va basculer. Cent cinquante-six jours qu'il n'a pas bu une goutte d'alcool. Il doit reconquérir le cœur de sa femme qui l'a laissé sur le carreau. Il se dépêtre avec Internet et correspond épisodiquement avec sa fille partie étudier au Royaume-Uni. À 5 h 36, pendant que Rachel Anderson, une jeune touriste américaine, tente d'échapper à une bande de criminels dans les rues désertes d'un certain quartier de la ville, Benny Griessel dort du sommeil absolument pas coupable de celui qui a fait l'amour avec une autre que sa femme. Tout comme dort du sommeil de celle qui cuve, Alexa Barnard, gloire déchue de la musique, alcoolique invétérée, à côté du corps criblé de trois balles de son mari. Quelque part, il y a le corps d'Erin qui a croisé la route d'un couteau de chasse. Erin était une amie de Rachel. Il ne fait aucun doute qu'un sort similaire attend Rachel.
Deon Meyer est un saligaud. Son roman – thriller, noir, policier, les trois à la fois ? – fait quatre cent soixante pages. Sa structure simple mais ingénieuse – treize heures qui sont autant de parties déclinées en chapitres eux-mêmes divisés en paragraphes qui nous font passer de personnages en personnages avec à l'instar du feuilleton des rebondissements incessants – ne permet pas que l'on repose le livre avant la fin. Donc, à moins d'avoir huit heures devant soi, l'on se retrouve confronté à un sacré dilemme : dormir ou ne pas dormir. Les deux enquêtes vont hasardeusement se recouper. Leurs résolutions vont être anecdotiques (dix maigres pages à la fin qui nous servent juste à respirer et à regretter que l'on n'en sache guère plus sur ce qu'il advient des nombreux personnages secondaires). Deon Meyer nous offre simplement la vie ordinaire d'un policier ordinaire ou extraordinaire, on ne sait pas, qui croise des gens du même acabit. Et puis il y a surtout cet homme qui est témoin d'une ville et qui la dépeint avec justesse, s'évertuant à ne négliger aucun de ses défauts tout en nous la faisant aimer. Les travers d'une police aux départements hétéroclites qui ne se supportent pas. Ces quartiers déserts où des populations de riches se cloîtrent derrière leurs murs. Cette mafia russe qui décidément se retrouve partout. Et cette intimité qui se dégage des autres quartiers. Et la générosité de certains. Lemmer l'invisible, son précédent roman, nous avait proposé une lecture plus ardue. Là, désolé pour le poncif, on referme ce livre lu trop vite à regret. Le pire, c'est qu'il nous accompagne quelques jours encore. Mais c'est là la marque des grands auteurs.
On en parle : La Tête en noir n°144
Citation
Le dernier sport national des femmes était de faire appel à des tueurs à gages pour se débarrasser de leurs époux.