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Grand format
Réédition
Tout public
340 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-2-07-044116-7
Coll. "Policier", 618
Actualités
- 22/04 Édition: Parutions de la semaine - 22 avril
Pendant que la "Série noire" gallimardienne sort le dernier roman de Nick Stone et que les Presses de la Cité nous proposent Babylone Nights, nouvel opus de Daniel Depp, c'est peut-être vers les poches qu'il faut se tourner. De Folio (, d'Antoine Chainas) à 10-18 (Rhapsodie en noir, de Craig McDonald) d'autres titres tout aussi intéressants se cachent. De façon étonnante, nous vous invitons à une relecture de Rendez-vous à Bagdad, d'Agatha Christie. Pourquoi ? Tout simplement parce que le roman bénéficie d'une nouvelle traduction, et que l'on a eu des échos comme quoi... eh bien c'était beaucoup mieux ! Mais sinon, faites votre choix :
Grand format :
L'Île de tous les dangers, de Natasha Cooper (Belfond)
Babylon nights, de Daniel Depp (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
Préparer l'enfer, de Thierry Di Rollo (Gallimard, "Série noire")
La Nuit du tagueur, de Nathanaël Fox (Riveneuve)
La Nuit vient de commencer, de Morten Hesseldhan (Gaïa, "Polar")
Les Fantômes de l'Internet, d'Alain Lipietz (Les Petits matins, "Polar")
Aristote : essai romancé économico-policier, de John Marcus (L'Autre, "L'Homme qui rêvait")
Londongrad, de Reggie Nadelson (Le Masque)
L'Année où Alessandro a été tué, d'Alessandro Perissonotto (Odile Jacob, "Thriller")
Le Lotus noir, de Laura Joh Rowland (Outside)
Le Premier crâne : un secret ancestral, une traque sans merci, de Nicolas Sker (Michel Lafon)
Voodoo Land, de Nick Stone (Gallimard, "Série noire")
Poche :
Mon cadavre fait du french cancan à Caen, de Jean Calbrix (C. Corlet, "Policier régional")
Anaisthêsia, d'Antoine Chainas (Folio, "Policier")
Rendez-vous à Bagdad, d'Agatha Christie (Le Masque, "Agatha Christie")
Esprits criminels. 3, Corps et âmes, de Max Allan Collins (TF1 Publishing)
Que le spectacle commence !, d'Ann Featherstone (10-18, "Grands détectives")
Rififi au grand pardon granvillais, de Michel Hébert (C. Corlet, "Polar régional")
La Mort leur va si bien, de Peter James (Pocket, "Thriller")
Courage mortel, de Judith A. Jance (J'ai lu, "Frissons")
Rhapsodie en noir, de Craig McDonald (10-18, "Domaine policier")
Loverboy, de Gabriel Trujillo Muñoz (Folio, "Policier")
Le Papier automatique, de Dian Wei Liang (Folio, "Policier")
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Électrochoc sans anesthésique
Auréolé de son prix "Quai du polar", ce roman réédité dans la collection "Folio policier" et écrit par le nouveau trublion du genre peut inquiéter, tant on a connu des stars montées en épingle qui se dégonflaient comme un soufflé dès les premières pages. Mais dans ce cas, le moins que l'on puisse dire c'est qu'à la fois on n'est pas surpris et surpris !
Anaïsthêsia. Sous ce titre barbare se cache une voix, celle de Désiré Saint-Pierre, narrateur, policier noir, défiguré et rendu insensible suite à un accident, qui s'occupe de son épouse Rachel, toxico désespérée. À cet énoncé, on voit pointer le double écueil au bas d'une pente savonneuse, celui du pathos misérabiliste comme le pratiquèrent en d'autre temps certains néo-polareux doublé du couplet sur le stéréotype de Dupont-Lajoie, le Français de souche forcément paré de tous les défauts comme le définissent avec une finesse sans égale de grands philosophes genre Diams ou Booba. Mais l'usage de la première personne permet d'évacuer ces défauts, puisque la vision d'un tel héros est forcément subjective, surtout lorsque la découverte de ce qui s'est réellement passé pour justifier une telle descente aux enfers se fera jour et que notre narrateur s'avèrera loin d'être blanc - pardon...
L'intrigue principale sur la recherche d'une tueuse en série surnommée "tueuse à bague" adepte de parties spéciales ne plongera pas dans le Hannibal Lecter de base, mais fera découvrir un personnage de meurtrière sortie tout droit d'un roman de Jérôme Camus & Nathalie Hug. À ce stade, le roman s'enfermant avec un acharnement presque psychiatrique dans le grotesque au sens premier, flirtant même avec le fantastique, ce qui pourrait passer pour une coïncidence de série TV vite torchée (comme par hasard, les goûts de la dame la portent vers les noirs défigurés) n'étonne même plus tant elle s'inscrit dans cette logique du pire... Et l'on plonge, plonge, toujours plus loin dans ce roman qui s'apparente plus à un cauchemar de Tom Browning rédigé par un Chester Himes sous amphétamines dopé à la musique industrielle pour terminer dans un tableau surréaliste à la Hyéronimus Bloch novelisé par Laurent Fétis. Le tout servi par une écriture parfaitement maîtrisée, sèche et âpre, bien loin du thriller aseptisé, lyophilisé et mondialisé que l'on nous sert par têtes de gondoles entières.
Au final, lorsqu'on repose le roman, ce qui domine est ce sentiment de maîtrise absolue, d'un auteur-démiurge qui nous aura mené, nous lecteurs, de l'alpha à l'oméga sans une virgule qui détone, sans jamais relâcher son emprise ni sortir à un seul instant de sa cauchemardesque logique. Un sacré tour de force...
On en parle : La Tête en noir n°145
Nominations :
Prix Mystère de la Critique 2010
Citation
Je me demande un instant si la guerre civile — celle que tous mes compatriotes attendent, celle que les autres craignent, celle qui couve — a finalement éclaté.