Beau monstre

Depuis trente ans, les mentalités avaient changé. La justice n'était plus perçue comme étant rendue au service de la république, mais comme une instance d'arbitrage des conflits entre individus, ou entre individus et collectivités. Son rôle n'était plus de protéger la société en rappelant ce qu'est un comportement adéquat, mais de dédommager économiquement et symboliquement les victimes en punissant les coupables. L'essentiel était l'accord de gré à gré, la puissance publique ne gardant pour seule fonction que l'aspect sécuritaire.
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Roman - Policier

Beau monstre

Tueur en série - Énigme MAJ vendredi 30 décembre 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 6,95 €

Voir plus d'infos sur le site polarmag.fr (nouvelle fenêtre)

Peter Robinson
Aftermath - 2001
Traduit de l'anglais par Valérie Malfoy
Paris : LGF, mars 2005
544 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 2-253-11292-5
Coll. "Policier"
Les Enquêtes de l'inspecteur Banks, 12

Ce qu'il faut savoir sur la série

Las de la vie londonienne, l'inspecteur Alan Banks a demandé sa mutation à Eastvale, dans le Yorkshire. Marié à Sandra, il est père de deux adolescents, Brian et Tracy. Très intuitif, il n'hésite pas à braver la procédure pour mener ses enquêtes. Grand amateur de whisky de qualité, il aime aussi la bière "du cru". Mélomane, il goûte autant le classique que le pop-rock de sa jeunesse. Sa situation familiale évolue au fil de la série (il va divorcer, ses enfants vont quitter le bercail - Tracy ira à l'université, Brian intégrera un groupe de rock - et lui connaîtra diverses liaisons épisodiques...) D'un roman à l'autre, il incline de plus en plus à s'abandonner aux souvenirs et à la nostalgie...
Côté professionnel, il gagnera le galon d'inspecteur-chef; à ses côtés, on suit quelques-uns de ses collègues, personnages récurrents qui eux aussi évoluent - par exemple le superintendant Gristhorpe, avec qui il entretient une certaine amitié, partira à la retraite...

Psychopathologie nord-anglaise

Cela commence par une scène de claustration putride d'à peine deux pages - un prologue ; ce n'est pas encore "l'histoire" qui, elle, débute vraiment au premier chapitre : deux policiers en patrouille sont appelés à intervenir à quatre heures du matin chez les Payne pour une affaire de dispute conjugale. Au lieu d'avoir à séparer deux conjoints en colère, les agents Janet Taylor et Dennis Morrisey découvrent à la cave le cadavre d'une jeune fille. Mrs Payne gît, blessée, et son mari agresse les policiers. Dennis est poignardé à mort et Janet répond en matraquant Terence Payne bien au-delà de ce qu'aurait exigé la stricte "légitime défense". Une bavure policière s'installe donc d'emblée dans la trame narrative, laquelle, loin d'être simple, fait peu à peu apparaître derrière le conflit conjugal une complexe affaire de disparitions de jeunes filles et de tueur psychopathe sur le compte de qui les enquêteurs se tromperont jusqu'au bout…
Tandis que les investigations progressent à la vitesse grand V, la petite vie du commissariat d'Eastvale est ponctuée d'antagonismes hiérarchiques, et la vie privée d'Alan Banks cafouille : il a divorcé, son ex-femme va épouser un autre homme, ses deux enfants sont désormais loin du nid… et son cœur balance entre le Dr Jenny Fuller et Annie Cabbott.
Avec son prologue qui ne dit presque rien mais contient assez de nuit et de puanteur pour que l'on en déduise qu'il y a là de quoi forger l'âme d'un(e)  psychopathe, cette histoire de tueur en série s'ouvre de manière assez commune - le lecteur se doute que… mais sans être sûr de rien. Les fils de l'intrigue sont cependant déroulés selon un rythme très lent - une lenteur qui jamais ne pèse du fait des divers foyers narratifs savamment entremêlés et des effets d'attente ménagés avec soin pour chacun d'eux, aux moments les plus opportuns. Pas de révélations-coups de théâtre ni de retournements de situations rocambolesques - mais dès lors qu'on a un peu fréquenté l'univers de l'inspecteur Alan Banks, on sait la parcimonie avec laquelle les indices sont distillés, et développés recoupements et déductions - et beaucoup de descriptions : une recette classique maîtrisée ici à la perfection qui permet de suivre l'affaire pendant plus de cinq cents pages sans ennui. L'on regrettera peut-être que le dénouement ait quelque apparence de cliché…

NB - Le roman a paru en grand format chez Albin Michel en mars 2003.

Citation

Dès que la porte se referma en haut des marches, les ténèbres l'enveloppèrent telle une fourrure. Elle les sentait se frotter contre sa peau comme un chat se frotte à vos jambes.

Rédacteur: Isabelle Roche dimanche 05 octobre 2008
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