Judas, l'amitié trahie

Le pari de Michel Nanteuil est osé, mais payant. À quelques encablures de la ligne d'arrivée, il arrive au niveau du bateau de Franck Lang. Sous spi, les deux équipages se livrent un duel acharné. Dans les rafales, l'un et l'autre prennent tour à tour l'avantage.
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Roman - Noir

Judas, l'amitié trahie

Psychologique - Énigme - Religieux MAJ mardi 08 juin 2010

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

À partir de 9 ans

Prix: 5,25 €

Anne Vantal
Paris : Nathan, mai 2010
128 p. ; illustrations en noir & blanc ; 19 x 13 cm
ISBN 978-2-09-252678-1
Coll. "Histoire de la Bible"

Judas : "Si je ne l'aime avec transport que je le haïsse avec fureur" (Phèdre, de Racine)

Capharnaüm, en Galilée. Hérode a envoyé ses agents enquêter sur cette nouvelle secte qui fait tant de bruit autour d'un certain Jésus. Mais ce n'est pas ce que Judas redoute. Ce qui le travaille, c'est cet homme qu'il admire, Jésus, qui ne semble pas lui accorder toute l'attention que lui, Judas, croit mériter. Judas si effacé mais impatient, jaloux du succès des autres apôtres, complexé, mal-aimé, rejeté ou se sentant tel, peu importe, car c'est sur ce sentiment qu'il va ouvrir la voie à la trahison, à son moment d'égarement plombé tout de même depuis de longues années par son désir dévorant de reconnaissance. Qui est Judas ? C'est à ce genre de question que l'auteur s'est affronté, fouillant une personnalité dont on ne sait pas grand-chose. Alors pourquoi pas en effet, ce Judas dévoré par des ambitions refoulées, soupçonneux, cauteleux, victime de n'avoir pu trouver sa place parmi les siens ? Pourquoi pas, sinon que les évangiles sont sur ce point comme sur tant d'autres moins muettes qu'on ne le prétend. À condition de les replacer dans leurs contextes : tout à la fois l'époque historique et les épisodes scripturaux qui les ont constitués. Qui nous apprennent que cet homme qui n'hésita pas à livrer son meilleur ami pour trente deniers, ne l'a pas fait parce que c'était "inscrit" dans la nuit des temps ni au motif de l'amour de l'argent - la somme était dérisoire -, mais parce qu'il n'a pas compris, tout simplement, l'attitude de Jésus à Jérusalem, et qu'il s'est mis à douter soudain qu'il fut bien le Messie. Au Temple, Jésus ne refusa-t-il pas d'accomplir ses prodiges pour se contenter d'enseigner ? Loin du messianisme radical que lui accordait ses disciples, Jésus parut se dérober. Alors Judas bascula. Difficile de saisir le moment où une vie bascule. Mais au fond, ce moment est l'expérience de beaucoup : c'est le moment ou la foi devient désespoir, où l'amour se fait haine. Aux yeux de Judas le révolutionnaire (c'est très bien vu dans le roman), Jésus a trahi les siens. Son ressentiment est énorme. Judas s'y enferme. Enfermement auquel il ajoutera bientôt cette haine de soi si familière à l'homme. Et par son suicide, Judas tourne une nouvelle fois le dos à l'espérance, telle que Jésus la dessinait en réalité. Tout au long du roman, au fond, l'auteur a construit avec méthode une personnalité troublée. Mais c'est l'économie du salut et le messianisme de Jésus que visait ce passage des évangiles. En psychologisant à outrance le personnage, on passe à côté, pour rallier un schéma explicatif devenu coutumier depuis que la vulgate a renoncé à ne voir en Judas que la marionnette de Dieu. Dommage, et tant mieux : il y a encore de quoi écrire autour de Judas.

Citation

Inlassablement, il se pose la question : "Qu'ai-je fait ? Et pourquoi ?"

Rédacteur: Joël Jégouzo jeudi 03 juin 2010
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