Contenu
L'Assassin des cathédrales
Poche
Inédit
Tout public
352 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-05169-1
Coll. "Grands détectives", 4356
Une nouvelle enquête de Clémence de Rosmadec.
Eugénie de Rosmadec a consacré sa vie à son frère Julien, chanoine à Saint-Corentin ; et à la cathédrale de Quimper. Un de ses bonheurs consiste à fermer l'édifice pour la nuit. Ce soir du 16 août 1890, un homme s'est dissimulé. Eugénie, avant de partir prie pour tous ceux qu'elle connaît, lorsqu'elle entend du bruit. Surmontant sa peur, elle se dirige vers la sacristie où elle surprend un homme qui vide les armoires des pièces les plus précieuses. Sans réfléchir, elle s'attaque à l'homme. Celui-ci, pour rompre le combat, la frappe violemment sur la tête avec un calice. Puis, il continue de remplir ses sacs et sort par une porte latérale, qu'il referme avec les clés prises à sa victime. Une charrette l'attend pour le transport de sa prise. C'est seulement le lendemain que le corps d'Eugénie est découvert. Son frère, étonné de son absence, avait fait quelques recherches. Mais son penchant pour l'alcool...
Parallèlement, les deux voyous sont arrivés à Paris pour remettre leur butin à M. M. un receleur qui règne sur ce domaine. Comme la victime risque de reconnaître son agresseur, il décide d'accélérer les vols, avant que le clergé fasse des rondes, renforce les serrures. Il sollicite le Professeur, un érudit en matière d'art sacré, pour définir les cibles à privilégier. Celui-ci propose également Notre-dame de Paris. Madame mère, avertie par une dépêche, ne veut pas laisser transparaître son chagrin devant la famille réunie. Autoritairement, elle charge Clémence, qui sera aidée d'Albertine, de mener l'enquête pour retrouver l'agresseur de sa fille. Clémence et Alexis, son père, sont à Quimper pour visiter Eugénie, toujours dans le coma. La jeune femme en profite pour rencontrer le commissaire Terrène et avoir le point sur l'enquête. Il lui apprend, sans attacher d'importance, qu'une plainte pour vol de charrette a été déposée. Clémence décide de commencer ses recherches par là. Autour de la cathédrale, elle rencontre une jeune Roumaine qui peint. Son témoignage confirme ses soupçons.
Les vols se multiplient, celui du Christ de la chapelle de Trémolo, et prennent un tour encore plus dramatique avec l'assassinat d'un jeune abbé dans l'église de Nizon. Clémence est encore plus impliquée dans cette affaire quand le juge Pommart conclut que tous ces cambriolages sont l'œuvre de Paul Gauguin, en cheville avec des bohémiens récemment arrivés dans la région...
Yves Josso, avec L'Assassin des cathédrales, propose de suivre une enquête mouvementée, la quatrième de Clémence de Rosmadec. Le choix d'une telle héroïne permet à l'auteur de faire découvrir, avec une approche picturale, les richesses de la Bretagne des années 1880. Les enquêtes de Clémence, à travers les faits divers dans lesquels elles s'inscrivent, donnent un éclairage précis sur cette période, à la fois sur le monde artistique et sur la vie quotidienne de catégories sociales diverses et variées. L'auteur dresse, ainsi, le portrait d'un Gauguin bien différent de celui qui s'inscrit dans la mémoire populaire, celle-ci retenant surtout sa période tahitienne et marquisienne.
Il fait de Clémence une jeune femme d'os et de chair, lui donnant une vie amoureuse et sexuelle, qu'elle mène à sa guise. Celle-ci ne se considère pas comme une enquêtrice. Elle rechigne même à répondre favorablement à la requête de sa grand-mère. Elle est d'abord peintre et n'aspire qu'à passer son temps avec ses collègues de Pont-Aven, partager leur passion et leur art. Dans ce sens, il serait intéressant que l'auteur puisse donner quelques indices explicites, (pour ceux dont la culture picturale se cantonne aux peintres universellement connus) afin d'identifier la ou les personnes dont l'auteur s'est inspiré pour créer Clémence.
Yves Josso entoure son héroïne d'une large famille et d'un groupe d'amis qui autorisent nombre de situations romanesques qui enrichissent le déroulement de l'enquête. Il utilise, d'ailleurs, une façon astucieuse, en début de volume, pour nous présenter les membres de cette famille. Il nourrit son histoire de moult détails et références sur des événements régionaux et s'en sert pour étayer sa galerie de personnages, dont certains sont truculents. Il anime ainsi, pour une enquête dans le milieu ecclésiastique un policier anticlérical convaincu, une opinion fondée sur une affaire de pédophilie qui n'a été démasquée qu'en 1908. Il multiplie les péripéties et n'épargne pas, à son enquêtrice, nombre de situations délicates.
L'Assassin des cathédrales est également servi par une écriture de qualité, des éléments historiques érudits tant pour la vie des peintres que celle des populations. On passe un moment très agréable à partager les avatars captivants d'une héroïne très séduisante.
On en parle : La Tête en noir n°147
Nominations :
Prix Polar 2011
Citation
Eh bien, cette fois encore, et pour la quatrième fois, Clémence, bien à contrecœur, sentit que son devoir était de démasquer les assassins. Elle n'avait pas pour eux ce que l'on appelle de la haine, et ne souhaitait pas davantage les voir punis. Elle éprouvait juste l'absolue nécessité de les démasquer pour que cessent leur crimes.