Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
232 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-84096-673-9
Coll. "Noir 7.5"
Oulipo aux roses
Oxymor Baulay, journaliste freelance, a décidé de faire un reportage sur les SDF. Lors de son enquête, il découvre un manuscrit impressionnant : les confessions d'un tueur en série, caché à l'intérieur d'un récit oulipien. En fouillant un peu il se rend compte qu'il ne s'agit pas d'un roman mais de la réalité ! Il cherche à retrouver le clochard qui lui a donné le manuscrit mais ce dernier est mort, assassiné...
Placé sous les auspices du roman oulipien et de la contrainte, sous les mânes de Rimbaud et de Shakespeare, le roman part déjà du principe que les crimes sont du passé et, que le tueur en série ne sera même pas au centre de l'action. À peine apparait-il au sein de l'intrigue. Ce point de vue rafraichissant offre un parallèle agréable avec une intrigue foutraque qui mélange allégrement le passé et le présent, le neveu du tueur et les démêlés sentimentaux du journaliste, les coups de griffe contre l'industrie éditoriale et les marivaudages sexuels.
Gilles Schlesser ne choisit pas entre ses personnages et ses actions. Il se laisse diriger selon l'inspiration du moment, baguenaude dans Paris, développe autour du manuscrit qui devient un coup médiatique et un best-seller, s'attarde autour d'un policier qui mena l'enquête il y a des années mais ne put arrêter le tueur en série. Tout est prétexte à un dérapage, un jeu de mots ou sur les mots, sans que jamais cela ne contrarie la lecture mais au contraire lui redonne un coup de neuf. Tout commence avec le nom même du journaliste, écrivain velléitaire, amoureux hésitant, mais qui creuse dans le manuscrit car il se doute que le criminel, en bon oulipien, a laissé les indices qui le désignent comme le coupable.
Mortelles voyelles risque de surprendre les amateurs du genre car c'est un roman qui fait appel à l'intelligence du lecteur, à son goût du jeu, plus que à la rapidité de l'intrigue, le foisonnement ou le noirceur du propos. Il y a comme une nostalgie des temps passés, du Paris des années 1950 (où se déroule la première vague de crimes), à l'instar d'un auteur qui écrivit ce qu'il vécut à cette période-là, un auteur qui s'est fait discret sans doute parce qu'il prend le temps de ciseler, de polir ce qu'il offre, s'inspirant de ce Rimbaud, caché au cœur de ce livre fin, sensible sans jamais être pédant.
Nominations :
Prix "Saint-Maur en poche" catégorie polar 2012
Citation
Je mens aux flics, je mens à Paul, je mens à Louise. Suis sur la mauvaise pente, songe Oxymor, je m'enfonce dans le mensonge comme un coupe-papier dans une chair blanche.