Shanghai Moon

Il prit son temps pour traverser la salle dans sa largeur. Le moment le plus délicat de tout contre-interrogatoire consiste à bien poser la première question, mais DiPaulo avait beau se préparer longuement, cette question lui venait toujours à la dernière seconde.
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Roman - Noir

Shanghai Moon

Historique - Hard boiled MAJ jeudi 26 août 2010

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

S. J. Rozan
Shanghai Moon - 2010
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Françoise Smith
Paris : Le Cherche midi, août 2010
492 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-1573-3

C'est dans les vieilles casseroles...

Lydia Chin est chargée de retrouver des bijoux disparus, dont la Lune de Shangaï, avec pour seuls éléments des lettres, celles de Rosalie Gilder, une juive venue à Shanghai dans les années 1930 pour échapper aux persécutions. Lydia va découvrir la réalité de cette diaspora inconnue à travers une narratrice d'autant plus attachante... qu'elle est morte assassinée soixante ans plus tôt ! Mais cette fameuse Lune de Shanghai existe-t-elle seulement ? Il faut croire que oui, puisque le coéquipier de Lydia est assassiné...
Il faut avoir de l'estomac pour dire que ce polar noir "transfigure complètement le genre". Mais le simple fait qu'un bon roman de série suscite des commentaires élogieux disproportionnés témoigne de l'état du polar américain condamné à ressasser depuis trente ans — avec plus ou moins de bonheur — les mêmes thèmes enseignés en cours de creative writing. Sale affaire... Un (enfin, une) détective privée enquêtant sur un objet légendaire surgi du passé, affaire qui entraîne l'assassinat de son coéquipier, et qui l'amènera au cœur des mafias chinoises : comment dirais-je... ça ne vous rappelle pas vaguement quelque chose ? Voilà donc un roman fermement ancré dans le genre hard boiled des années 1940 qui aurait pu donner dans le polar historique avec peu de modifications, si ce n'est le personnage de Lydia Chin, qui a toutes les caractéristiques de la privée moderne type affublée d'une mère ayant elle-même toutes les caractéristiques de la mère juiveTM (il lui manque juste deux chats pour compléter le tableau). On y trouve une évocation de New York vouée à faire se pâmer d'admiration pavlovienne les salons où l'on cause et quelques personnages secondaires pittoresques, dont un apprenti truand surnommé Fétide. En fait, le seul élément inattendu est le rapport d'affection par-delà le temps et la mort qui se noue entre Lydia et cette femme qu'elle ne connaît que par ses lettres, la réalité de la diaspora de Shanghai étant réduit à cet épisode (mais on ne lit pas non plus dans une thèse historique !). Sinon, pas de doutes, il se passe bien des choses dans cet énorme roman touffu et il est difficile de s'y ennuyer.

Citation

Pendant soixante ans, personne n'a vu les bijoux de Rosalie Gilder. Tout le monde commençait à partager mon avis : tout ça n'est qu'une légende, la lune de Shanghai est une légende, une histoire romantique née dans des temps difficiles. Mais maintenant ? Soudain, ils sont là, ces bijoux, et soudain, votre partenaire est tué.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 10 août 2010
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