Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'italien par Serge Quadruppani
Paris : Métailié, mars 2010
208 p. ; 19 x 13 cm
ISBN 978-2-86424-744-9
Coll. "Noir - Suite italienne", 156
Albanais un jour, albanais toujours
Pjota, Albanais, pauvre, naïf mais pas inculte (il a dans une grotte des livres entreposés qu'il dévore avec passion), est un enfant de la mer. Elle n'a aucun secret pour lui, et son assurance le fait remarquer du roi Razy, un mafieux qui commerce les drogues et les femmes pour la prostitution. Après des rituels initiatiques effrayants où se conjugent violence, vomis et peur, il intègre la féroce bande, et devient même la "femme" préférée du bandit. Il doit couler des canots amarrés au fond de l'eau, et de temps en temps en récupérer leur contenu. Mais Pjota rêve de liberté aussi s'enfuit-il vers l'Italie. Malgré ses efforts, il ne peut se sortir de cette prostitution omniprésente. Il commence par amasser une petite fortune en récupérant les préservatifs usagés qu'il nettoie, met sous emballage, et revend. Puis il se vend, mais à la chance de croiser l'ingénieur qui se prend d'affection pour lui, et lui offre un travail de coursier pour un journal. L'histoire ne tient qu'un temps. Il redescend dans la rue. Il découvre l'amour avec Blerina une prostituée qu'il sort du caniveau, mais ses propres tourments vont l'amener à la remettre. Il suit le chemin de la rédemption en offrant un aller simple pour le Canada à une autre, Tania, dont il est profondemment amoureux, observe Anastasia et Angèlina, deux autres putes qui jouent tels des chatons pour éviter de penser à ceux qu'elles sont vraiment, sans savoir laquelle préférer, est apprivoisé par Mario, un tenancier atteint d'un cancer qui lui offre quand il vient un jus d'orange et un croissant. Tous ou presque vont mourir. Et lui, qui ne comprend rien à l'Italie contemporaine, qui n'aime que la mer, et vit mal d'être dans un milieu citadin, choisit alors de rentrer au pays, et d'assouvir contre Rzay sa vengeance.
Ames sensibles s'abstenir. Ou alors, il faut commencer par lire la seconde partie du Naufrageur. La première n'est tout simplement que violence. Du sang, du sperme, des odeurs fécales, du sombre, des rats et des cafards qui grouillent et vous parcourent le corps des heures durant. Mais Francesco De Filippo transforme cette violence peu à peu de façon poétique et naïve. L'on sourit lorsque Pjota découvre les joies de l'amour et surtout son mode d'emploi - ah le fameux liquide blanc ! Pjota commet des erreurs, mais on veut l'aider, Pjota souffre et nous souffrons également, enfin Pjota se révolte et nous sommes content pour lui. Il est à lui tout seul l'incompréhension d'un monde barbare et sûrement pas civilisé.
Citation
Albanais un jour, albanais toujours, ces gens-là ne se civiliseront jamais.