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Inédit
Tout public
Pluie de sang sur un joli mois de mai
Monsieur Louis est mort. Arrivent dans son domaine cinq personnes attirées par l'odeur de son testament dont ils ont tous une copie. Pour les accueillir, Aimé, narrateur de l'histoire, au centre d'un drame passé et de drames à venir, qui avoue dès les premières lignes qu'il "sait pas raconter les histoires". Aimé est secondé par Martial, un garçon un peu simplet ou frustre, et qui a "tout qui lui manque d'un côté, plus de cheveux, plus de bouche, plus de narine, plus de joue, plus d'oreille et plus d'œil, rien que sa peau de caoutchouc avec des trous-trous couleur brûlé". Tous les deux, ils observent M. et Mme Truchon, Sacha Milou, le commandant Lyon-Saëck, et un dernier dont on ne connait pas l'identité à ce moment-là du récit. Aimé, qui aime à se rouler dans la fange avec les porcs prend un malin plaisir à les nommer les "Têtes de chien". D'ailleurs, il ne les respecte pas. Les draps des trois lits (pour cinq) sont sales et retournés. C'est ainsi que commence un huis clos où tout le monde est perdu dans ses pensées, parle pour meubler le silence, mange et dort pour passer le temps, méprise l'un et l'autre en attendant réellement la venue du notaire le lendemain à onze heures pour torcher cette affaire et vaquer à ses occupations. Mais Martial soliloque et nous raconte dans son langage simple mais avec ici et là quelques mots qui révèlent une certaine éducation l'histoire de Lucienne, sa mère, prostituée, et l'on comprend très vite que tous ces "invités" l'ont poussée, elle, sur le chemin de la déchéance. Et, donc, que Martial va les éliminer un par un dans une totale indifférence par pure vengeance. Car il aimait sa mère. C'est d'ailleurs Mme Truchon qui inaugure le bal. Cent vingt-cinq pages pour permettre à Émilie de Turckheim de faire étalage de son style brut, parlé, celui des petites gens qui prennent un malin plaisir à se tourmenter comme les autres ou peut-être bien plus que les autres. Le suspense n'est absolument pas là. C'est une histoire sordide dont les chapitres ont été mélangés avec un malin plaisir. L'on regrettera que certains personnages ne soient pas traités avec une égale importance que d'autres, tout en pondérant car, il faut bien l'avouer, le travail stylistique d'Émilie de Turckheim est à la fois contraignant pour l'auteur, et pour le lecteur passé un certain cap de temps, qu'elle s'empresse de ne pas atteindre. Mais elle a un côté Pierre McOrlan dans son approche du verbe qui est très sympathique au demeurant. Ce qui donne un roman agréable à lire une soirée chaude alors que la nuit tombe.
Citation
Le premier qu'a descendu l'escalier c'est le policier qu'a pris sa retraite mais qu'a gardé son air policier.