Contenu
L'Écho des morts
Grand format
Inédit
Tout public
François Tavares (lecteur)
Traduit du français par Rémi Cassaigne
Paris : Audiolib, avril 2010
1 Zone 2 ;
ISBN 978-2-35641-226-3
L’appel sépulcral des objets du monde...
L'île d'Öland, au sud de Stockholm. Katrine a décidé d'y installer sa famille dans une vieille bâtisse percluse des bruits de l'hiver 1846, quand bien avant sa venue, des hommes entreprirent de la construire avec la cargaison de bois que transportait un cargo naufragé. Hiver 1846. Le roman s'ouvre sur l'écho, traité presque sur un mode fantastique, des cris d'agonie des marins qui se noient. Tempête, murs de vagues assassines, les effrois des ténèbres et la tourmente qui se jette sur le rivage comme une bête sauvage. Au loin, ces cris des naufragés que le vent ne cesse de rabattre sur la lande où les hommes impuissants, ne peuvent qu'écouter les marins se noyer. Longtemps après que la mer les a englouties, ces cris ont survécu et certaines nuits, on croit entendre les morts chuchoter dans les murs de la vieille bicoque.
1980. La demeure avec vue sur la Baltique est devenue une superbe bâtisse du XIXe dont les prospectus vante la rugueuse beauté. Katrine y loge donc sa famille, mais pour disparaître aussitôt. Noyée ? Pas si sûr. La jeune flic chargée de l'enquête relève des indices qui l'invitent à penser qu'il s'agit d'un meurtre - tandis que Joakim, ravagé, cache la vérité à ses enfants et leur promet le retour de leur mère pour Noël.
On se rappelle l'atmosphère troublante, malsaine, d'emblée pesante du roman empli de ces bruits sourds des vieilles bâtisses, du marmonnement de la houle, des pas feutrés des maraudeurs sur la grève. Mille détails construits pas à pas dans le fil du récit, l'alourdissant chaque fois un peu plus pour nous précipiter dans le vertige de cette présence obstinée des objets au monde. Des objets tenaces, usant ce grand monde jusqu'à la corde pour n'y laisser que leur seule présence signant le deuil d'une humanité condamnée à n'être plus que son propre spectre.
Le livre lu renforce cette fantasmagorie, dès l'atmosphère musicale qui ponctue les chapitres, le comédien, François Tavares, ordonnant une diction parfaite où chaque syllabe se détache des autres moins pour morceler la phrase qu'insister, détail après détail, sur la construction d'un récit lui-même additionné de mille fragments posés avec obstination. Tavares installe avec lenteur l'intrigue, paraît la tenir à bout de souffle, le nôtre, exposé à la pesanteur du drame qui se noue. Superbe interprétation !
Citation
Les morts se rassemblent chaque hiver pour fêter Noël.