Les Anonymes

Il aurait préféré ne pas voir ce nom, ne pas l'enregistrer dans sa mémoire, mais trop tard, ce nom s'était incrusté en lui comme un objet dans la glaise. Il marmonna des excuses incompréhensibles. Vivianne le regarda interloquée et tandis qu'il s'éloignait, elle lui lança un simple merci aurait suffi.
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Roman - Thriller

Les Anonymes

Géopolitique MAJ mercredi 03 novembre 2010

À l'ouest, rien de nouveau

Lorsque Roger Jon Ellory est apparu dans le paysage du noir avec Seul le silence en 2008, certains se sont demandés qui pouvait bien se cacher derrière ce nouvel auteur à l'écriture déjà parfaitement maîtrisée. Sans doute l'anagramme évidente y était-elle pour beaucoup. Mais il s'agissait bien d'un véritable auteur qui se présentait à nous. Ellory est le plus américains des auteurs anglais. Ses romans prennent pour scène les États-Unis. Faut-il voir là le désir de s'affranchir des limites trop contraignantes de l'insularité, celui de s'offrir pour terrain de jeu un territoire à la mesure de son talent, la nécessité de s'écarter d'une tradition britannique du roman policier pour venir défier ceux qui apparaissent comme les tenants de la discipline aujourd'hui sur leur propre terrain et laisser ainsi s'exprimer son écriture ? La suite et l'œuvre qui s'en dégagera nous le diront mais Les Anonymes nous donnent déjà quelques éléments de réponses. Ellory est bien là pour durer. Il passe avec ce roman - mais n'était-ce pas déjà le cas ? – dans la catégorie de ceux qui maîtrisent l'exercice, même s'il suscite certaines réserves. Cela démarre ainsi : quatre meurtres selon le même mode opératoire. Tout laisse à penser qu'il s'agit là d'un énième roman sur un serial killer, mais s'il donne l'impression d'emprunter le chemin tout tracé du thriller, Ellory s'en écarte rapidement, ou plutôt, il en redessine l'arabesque, jusqu'à créer des entrelacs, un écheveau a priori indénouable. L'inspecteur Miller va pourtant s'y appliquer, lui qui découvre que l'une des victimes vivait sous une identité fabriquée de toutes pièces. Ellory nous mène ici sur les traces de la CIA (après nous avoir conviés sur celles de la mafia dans Vendetta). Si la capacité de l'auteur à embarquer son lecteur tout au long des 690 pages du roman est indéniable, on regrettera toutefois le manque d'originalité du propos sur l'institution elle-même. À quoi bon, en effet, peindre pour la énième fois le tableau d'une CIA manipulatrice dans l'ombre des gouvernements sud-américains ou du Président des États-Unis ? Faut-il voir ici les limites de "l'exportation" de l'auteur ? Roger Jon Ellory sait écrire dans le genre qu'il s'est choisi. Il lui reste à présent d'user de son talent pour nous conter des histoires qui nous surprennent, ce qui exige de prendre du temps – et de renoncer à une livraison annuelle - pour trouver des sujets ou des angles d'attaque nouveaux. Faites vous désirer Monsieur Ellory.


On en parle : Alibi n°1

Citation

Les gens comme nous attendent toujours les gens comme vous, non?

Rédacteur: Jean-Claude Lalumière lundi 18 octobre 2010
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