L'Homme de Londres

Salaud, salaud. Je vais te régler ton compte. Je vais te tirer dessus parce que c'est logique, logique et moral... J'ai travaillé toute ma vie pour la logique et la morale... Tu ne voudrais pas que ce que nous venons de vivre n'ait servi à rien, dis ?
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mardi 16 avril

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Roman - Noir

L'Homme de Londres

Psychologique - Social MAJ vendredi 22 octobre 2010

Note accordée au livre: 6 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 5 €

Georges Simenon
Paris : LGF, septembre 2008
190 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-253-14305-7
Coll. "Policier", 14305

Louis Maloin, aiguilleur maritime

Louis Maloin est aiguilleur à la gare maritime de Dieppe la nuit. Il assiste haut perché dans sa cabine au passage en fraude d'une valise que ne tardent pas à se disputer deux hommes. L'empoignade ne dure qu'un temps, et l'un deux, assommé, termine sa course dans le port non sans avoir eu le réflexe d'emmener avec lui ladite valise. L'autre homme finit par déguerpir. Maloin récupère cette valise bourrée de banknotes anglais. Il la cache dans son casier. S'ensuit une lutte psychologique. Maloin est hypnotiquement attiré par cet homme, un Anglais du nom de M. Brown, équilibriste et cambrioleur. Les deux passent leur temps à se chercher et à se fuir. Tous deux transpirants de peur, de chaud, de froid, d'humidité. Le magot provient de la vente du Palladium par le père Mitchell. L'inspecteur Mollison, de Scotland Yard, est sur la piste du malfaiteur. L'étau se resserre, et Brown s'enfuit se réfugier dans une cabane de Maloin. Le drame pointe alors le bout de son nez.
Avec L'Homme de Londres, écrit en 1933, Georges Simenon fait étalage de sa grande maîtrise du roman noir psychologique. Dans ce court récit (étonnant comme à l'époque la concision était un art ; aujourd'hui Simenon serait forcé d'en faire cinq cents pages) inauguré par une longue observation sans dialogues, on retrouve des éléments de Crime et Châtiment, de Dostoïevski. Seulement, au lieu de mettre en scène un Raskolnikov, Simenon en met deux : Brown d'abord puis Maloin ensuite. Les deux ont les mêmes tourments. Le parti-pris du romancier est quand même de s'attarder sur l'homme de Dieppe plutôt que de Londres. D'ailleurs, son nom en lui-même est plus recherché. Brown c'est le genre de nom qu'un Anglais donne à la réception d'un hôtel comme un Américain donnerait Smith ou un Français Dupond. Maloin est un gars qui trime dure, qui est réglé comme une horloge. Qui dort le jour jusqu'à quatorze heures. Qui ne supporte pas que sa femme se mette en travers de son chemin. Qui boit son eau-de-vie en observant le Moulin Rouge et Mathilde, la poule du coin, qui des fois vient le réchauffer. Mais l'arrivée de cette valise bouleverse tout cet équilibre. Elle est cachée dans un casier à la portée de tous. Il ne peut se servir de l'argent qui n'est pas français. Il a envie de le crier sur les toits et de le dépenser. D'ailleurs, comme il a cette réserve, il fait feu de tout bois avec ses économies pour offrir à sa fille tout ce dont elle n'a pas besoin ! Et puis il y a ces pensées qu'il rumine et qui peu à peu le rongent. Dire qu'il l'aurait rendue cette valise si Brown avait eu le courage de le lui demander. Alors qu'au final, il va le tuer sur un malentendu et intégrer les rouages d'une justice française qui ne le comprendra pas. Un très étonnant roman qui brille par la trame et l'analyse psychologique. À lire et à relire !

Citation

Maloin avait cinq cent quarante mille francs dans son armoire, une armoire en bois blanc qui ne valait pas cinquante francs et qui avait besoin d'être repeinte.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 19 octobre 2010
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