Mexico, quartier Sud

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vendredi 29 mars

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Nouvelle - Noir

Mexico, quartier Sud

Social MAJ lundi 31 janvier 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

Public averti

Prix: 6,5 €

Guillermo Arriaga
Retorno 201 - 2006
Traduit de l'espagnol (Mexique) par Elena Zayas
Paris : Points, janvier 2011
184 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-1670-7
Coll. "Roman noir", 2535

L'anti-guide du routard de Mexico

Quand Guillermo Arriaga décide de parler d'une favela au sud de Mexico à travers quatorze nouvelles, il faut s'attendre à un beau mélange de noir et d'humour noir. D'entrée de jeu, avec "Lilly", il nous plonge dans une histoire sordide racontée avec la candeur d'un enfant qui se livre au supplice d'une jeune handicapée. On se dit que l'on va s'enfoncer toujours un peu plus. Et c'est exactement ce qui se produit. Chaque texte révèle une nouvelle facette à mille lieux du prospectus touristique : on a droit au viol, au vol, au meurtre, à l'avortement qui se termine mal, à la corruption, à la lâcheté, à tous ces vices observés à travers le prisme de la petite vie misérable. Mais il y a également ces moments où l'auteur se fait plus tendre, comme dans "Le Visage effacé" où le narrateur tente de se souvenir du visage de sa sœur qu'il aimait et a perdu alors qu'il n'avait que six ans, cette sœur dont ses parents ont à tout prix voulu lui épargner la douleur de la perte... en obtenant l'effet inverse. Il y a encore cet autre texte où, parce qu'il ne veut pas soigner une infection bénigne due à la morsure d'une tique, un homme se laisse pourrir sur place, sans se défaire de son sourire narquois parce que les médecins sont tous des charlatans, c'est bien connu.
Le tout se passe du côté de l'avenue Retorno dont certains habitants apparaissent dans plusieurs nouvelles, comme le docteur del Río, davantage préoccupé par sa situation personnelle que par le sort des hommes ou des femmes qu'il est censé soigner, n'hésitant pas à laisser mourir un voleur parce qu'il ne mérite guère mieux et que ça ferait des histoires si on apprenait que c'est un ami à lui qui lui avait tiré dessus.

Du très noir donc. Pour autant, l'écriture d'Arriaga est faite de respirations, de contre-pieds et d'une imagination délirante qui font que l'on ne s'y étouffe pas. Un livre dur, souvent violent, parfois drôle mais toujours juste. Du bon Arriaga à la lecture duquel il reste forcément quelque chose, comme une douleur au niveau du ventre, une morsure de tique génératrice de gangrène au niveau de l'aisselle. Mais une douleur administrée avec doigté et qui n'a rien de gratuit, juste pour nous rappeler que même pour prescrire de la souffrance, il faut du savoir faire.

NdR - Le recueil comporte les nouvelles :
"Lilly", "La Veuve Diaz", "Dans l'obscurité", "Invaincu", "La Nouvelle-Orléans", "La Nuit bleue", "Légitime défense", "Des points de couleurs", "Une question d'honneur", "Ultimatum violet", "Rogelio", "Le Visage effacé", "195" et "En paix".

Citation

Elle ne me suppliait pas de lui donner du plaisir mais d'être discret ; elle ne se rendait pas compte que son obésité infinie était en elle-même une garantie de discrétion.

Rédacteur: Gilles Marchand lundi 17 janvier 2011
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