L'Honorable société

Avec douceur le Prédicateur s'avançait au milieu de son troupeau d'âmes affamées. Sa bénédiction tombait sur elles comme une semence précieuse. Il les pénétrait du regard, connaissant leur solitude, et leur faim immense que seul un homme de la trempe du Prédicateur pouvait satisfaire.
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vendredi 13 décembre

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Roman - Policier

L'Honorable société

Politique - Braquage/Cambriolage - Assassinat MAJ mardi 16 mai 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 9,2 €

D.O.A. & Dominique Manotti
Paris : Folio, mai 2016
384 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-079321-1
Coll. "Policier", 688

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    ... sur Agora FM, ce sont Jacques et Corinne qui montent au créneau pour tâcher de partager avec leurs auditeurs leurs derniers coups de cÅ“ur. La première partie de leur émission du 24 mai est tout entière occupée par une conversation téléphonique avec Marin Ledun. Corinne, enthousiasmée par Visages écrasés (récemment paru aux éditions du Seuil) dont elle dit qu'il s'agit rien moins que du Germinal du XXIe siècle, mène l'interview de main de maître, lui donne structure et cohésion tout en laissant l'auteur s'exprimer à sa guise. Il en résulte vingt minutes passionnantes au cours desquelles Marin Ledun explique sa matière thématique - la souffrance des salariés -, analyse son personnage-narrateur - une femme médecin du travail - et décortique sa démarche d'auteur qui l'a notamment poussé à adopter la première personne pour écrire son roman. À écouter toutes oreilles dressées...

    La seconde partie, très européenne, s'attarde sur trois romans venus de trois pays différents - la France, le Danemark et les Pays-Bas.
    Corinne commence par vanter les mérites de L'Honorable société, un roman co-écrit par Dominique Manotti et D.O.A qu'elle définit comme "une étude de mÅ“urs" et qui, malgré une matière en prise directe avec la réalité politique et ses turpitudes, reste dans le champ de "la bonne littérature" et échappe au trop facile discours moral. Corinne insiste sur les très grandes qualités littéraires du roman, que l’on aurait tort d'aborder comme un banal manifeste anti-politiciens.
    C'est ensuite Jacques qui prend le relais pour évoquer Les Plumes du dinosaure, de Sissel-Jo Gazan*. L'auteur est une biologiste et journaliste danoise, dont c'est ici le premier roman traduit en français. En même temps que l'enquête policière proprement dite menée autour de la mort suspecte du directeur de thèse de l'héroïne Anna Bella, doctorante en biologie, le lecteur suit la progression de la thèse sur laquelle elle travaille, où la jeune femme entend démontrer que les scientifiques refusant d’admettre que les oiseux descendent des dinosaures se trompent... Enrichi de passages très documentés, par exemple sur la vie des laboratoires de recherches ou sur l'évolution des espèces, c'est un roman qui reste très accessible malgré l'abondance de termes et d'informations scientifiques et dont, paraît-il, on sort plus savant. Pour conclure, Jacques invite les lecteurs curieux intéressés par la théorie de l'évolution à lire les ouvrages de Stephen Jay Gould.
    Et Corinne de conclure par de beaux compliments adressés à Losers-nés, d'Elvin Post. Sa première remarque est pour louer la couverture – "Une des plus belles du moment". Et la seconde, avant même d'attaquer le pitch, pour féliciter l'auteur de s'être amélioré depuis son roman précédent, Faux et usage de faux, dans lequel les deux compères noir'rôdeurs avaient trouvé quelques bémols à leur engouement. La narration est "très enlevée", c'est "un roman drôle, décalé" qui, dit-elle, emprunte autant à l'univers de Martin Scorcese qu'à celui des frères Coen... pour finir chez les Simpson... Voilà un mélange qui promet !

    * Les Plumes du dinosaure, de Sissel Jo Gazan (traduit du danois par Max Stadler et Magali Girault), Le Serpent à plume coll. "Serpent noir", avril 2011, 526 p. - 26,00 €.
    Liens : Losers-nés |Marin Ledun |Elvin Post |Dominique Manotti | D.O.A.

  • 18/05 Auteur: Duo de choc... et Honorable société
  • 31/03 Librairie: Duo noir à Besançon (25)
  • 20/03 Librairie: Deux auteurs, un roman...

Politique-f(r)iction

2007, tous derniers jours de la campagne électorale française. Benoît Soubise doit rejoindre son amie chez elle pour un dîner avec des invités. Téléphone au volant, erreur d'inattention et c'est l'accident. Rien de grave, tôle froissée, mais obligé d'attendre le dépanneur. Il annule le repas et rentre chez lui. Le retour est agité, la porte de son appartement est ouverte. Il entre doucement, surprend le cambrioleur, pense avoir la situation en main quand un deuxième cambrioleur surgit. Lutte, Soubise prend un mauvais coup, tombe et meurt. Les deux agresseurs partent en ne volant que son ordinateur portable. L'affaire semble banale pour les flics qui la récupèrent, sauf que rapidement ils s'aperçoivent que Soubise faisait partie de la maison, mission infiltrée qui sent bon le secret défense... Le même soir, à la même heure, Julien Courvoisier, Erwan Scoarnec et Saffron Jones-Saber sont en train de pirater l'ordinateur portable de Benoît Soubise. Grâce à sa Webcam, ils assistent en direct au meurtre de ce dernier. Les trois jeunes gens, que la presse se complait à appeler des "éco-terroristes", ne peuvent aller à la police dire ce qu'ils ont vu et se doutent bien que tout cela est mauvais pour eux. Ils décident donc de fuir...

De l'association entre Dominique Manotti et D.O.A., il ne pouvait sortir que du bon, et le résultat est à la hauteur de nos espérances. Affaires d'État, pressions, magouilles en tous genres, flics, barbouzes... Cela pourrait faire trop, mais les dernières années de la politique française ont parfaitement démontré que la fiction est toujours un cran en deçà de la réalité. Le tout est parfaitement rythmé et solidement ancré dans le réel - connaissant les deux auteurs, cela n'a rien d'étonnant -, les personnages principaux au nombre d'une bonne dizaine bien campés, et surtout il n'y a pas de facilités. Bref rien n'est laissé au hasard et c'est un plaisir que de lire de la politique-fiction en France, le genre étant malheureusement assez délaissé.


On en parle : Alibi n°2 |La Tête en noir n°149

Récompenses :
Grand prix de la littérature policière - roman français 2011

Nominations :
Trophée 813 du roman francophone 2011
Prix Polar Michel Lebrun 2011
Prix Mystère de la Critique 2012

Citation

Ça se paiera, tu m'entends ? Quand j'aurai les pleins pouvoirs, je me chargerai moi-même d'en pendre quelques uns à des crocs de boucher !

Rédacteur: Christophe Dupuis dimanche 20 mars 2011
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