Ne jouez pas avec le feu

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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Policier

Ne jouez pas avec le feu

Énigme MAJ vendredi 30 décembre 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

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Peter Robinson
Playing with fire - 2004
Traduit de l'anglais par Pierre Reignier
Paris : Albin Michel, juin 2005
512 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 2-226-16716-1
Coll. "Spécial suspense"
Les Enquêtes de l'inspecteur Banks, 14

Ce qu'il faut savoir sur la série

Las de la vie londonienne, l'inspecteur Alan Banks a demandé sa mutation à Eastvale, dans le Yorkshire. Marié à Sandra, il est père de deux adolescents, Brian et Tracy. Très intuitif, il n'hésite pas à braver la procédure pour mener ses enquêtes. Grand amateur de whisky de qualité, il aime aussi la bière "du cru". Mélomane, il goûte autant le classique que le pop-rock de sa jeunesse. Sa situation familiale évolue au fil de la série (il va divorcer, ses enfants vont quitter le bercail - Tracy ira à l'université, Brian intégrera un groupe de rock - et lui connaîtra diverses liaisons épisodiques...) D'un roman à l'autre, il incline de plus en plus à s'abandonner aux souvenirs et à la nostalgie...
Côté professionnel, il gagnera le galon d'inspecteur-chef; à ses côtés, on suit quelques-uns de ses collègues, personnages récurrents qui eux aussi évoluent - par exemple le superintendant Gristhorpe, avec qui il entretient une certaine amitié, partira à la retraite...

Don't play with me...

Non loin d'Eastvale coule la Swaim, reliée au canal Leeds-Liverpool par un canal secondaire pourvu d'un bras en cul-de-sac où deux pénichettes amarrées à demeure achèvent de se consumer par un froid matin de janvier. Vaincre un incendie aurait dû être l'affaire des seuls pompiers, mais un cadavre a été découvert dans chacun des bateaux. Et l'un des pompiers a remarqué quelques détails laissant supposer que le feu n'avait rien d'accidentel. Aussi a-t-on alerté la Brigade criminelle d'Eastvale – celle où officie Alan Banks. Les choses semblent aller vite – les deux corps sont identifiés, un suspect arrêté. Mais au lieu d'apporter des solutions, cela amène des questions qui, elles, demanderont pas loin de cinq cents pages pour être résolues. Les deux victimes – Tina, une jeune toxicomane, et Thomas McMahon, peintre médiocre vivotant de son art en peignant des paysages pour touristes - étaient-elles liées ? Ou bien faut-il mettre l'une d'elles au compte de "dommages collatéraux" ? L'incendie dissimule-t-il un crime ou bien la mort de Tina et de Tom n'est-elle que la conséquence imprévue du geste incendiaire ? Autant d'énigmes qui s'épaississent quand, un peu plus tard, une caravane brûle avec son occupant, Roland Gardiner, qui était très lié avec le peintre mort carbonisé quelques jours auparavant.
Allant du Centre culturel d'Eastvale à une libraire de livres anciens, sans oublier quelques visites à la famille de Tina et une virée londonienne, l'inspecteur Banks et ses collègues mènent l'enquête. Elle débouchera sur la mise au jour d'un trafic d'œuvres d'art, pensé par un "cerveau" mais dont les acteurs sont de pauvres êtres paumés – donc fragiles. L'on voit là un versant bien glauque de l'activité picturale. Il est vrai que personne n'a encore jamais prétendu que la peinture adoucissait les mœurs – ici, il semble qu'au contraire elle les ait… embrasées.
Si les investigations se déroulent à ce rythme lent et lisse caractéristique de la série, on notera un effort de subtilité dans la construction : le corps (!) du récit, banalement linéaire et conduisant de l'origine de l'énigme à son dénouement, est encadré par deux passages à la première personne, profondément troublants, qui jettent sur le texte une lumière de biais dont la clarté ne se perçoit que rétrospectivement. C'est comme un infime détail qui, malgré sa ténuité, suffit à donner au roman un caractère singulier.
Cette affaire d'incendies criminels a certes un intérêt strictement policier mais elle prend aussi une valeur particulière quand on considère sa place dans l'ensemble de la série. Alors même que l'inspecteur Banks passe un cap difficile dans sa vie privée, incapable de laisser derrière lui ce qui reste de son passé aux côtés de Sandra - désormais compagne d'un autre homme - autant que de se projeter dans l'avenir – sa liaison avec Annie Cabbot est terminée - voilà que sa maison, où sont encore bien présents les souvenirs attachés à Sandra et à ses enfants même si ce n'est pas celle que les Banks ont occupée à leur arrivée, est réduite en cendres et que lui frôle la mort.

Le personnage ainsi mis dans une situation où il est contraint de se défaire de ce qui l'englue - et le sécurise - semble incarner une interrogation qui sans doute taraude le romancier de temps à autre : "Vais-je ou non continuer ma route d'écrivain avec Alan Banks ?..." Les lecteurs se sont probablement demandé, à la sortie du livre, s'ils ne lisaient pas la dernière "enquête de l'inspecteur Banks". C'était en 2005, et, depuis, trois autres romans sont venus enrichir la série… Alan Banks mériterait peut-être le surnom de Phénix…

NB - Le roman est paru au Livre de Poche en mai 2007.

Citation

Malgré la fumée qui lui irritait les poumons, Banks eut soudain une énorme envie de fumer.

Rédacteur: Isabelle Roche samedi 13 décembre 2008
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