Voodoo Land

Depuis qu'elle avait mis le pied sur le sol péruvien, elle ne pouvait se débarrasser de ce sentiment de mort imminente. La vie paraissait fragile. Le destin de ces hommes et ses femmes appartenaient à d'autres, aux chefs, aux patrons.
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vendredi 29 mars

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Roman - Thriller

Voodoo Land

Fantastique - Procédure MAJ lundi 04 juillet 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,5 €

Nick Stone
King of Swords - 2007
Traduit de l'anglais par Samuel Todd
Paris : Gallimard, avril 2011
590 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-012790-0
Coll. "Série noire"

Au jeu de la mort, tire la bonne carte sinon…

Dès le titre de son roman, Voodoo Land, on se doute de l'ambiance trouble et particulière dans laquelle Nick Stone va nous plonger. Mais c'est en commençant la lecture des premières pages qu'on découvre le grand tourbillon sanglant dans lequel il nous embarque et dont on a du mal à en sortir pour notre plus grand plaisir d'amateurs de romans policiers.

L'action de Voodoo Land se situe en Floride, dans le Miami des années 1980. Attention pas celui de la cité de villégiatures proposé par les brochures pour touristes aisés en mal de soleil ou de parcs d'attractions. Nick Stone nous décrit des quartiers où le faste des immeubles Art déco semble décrépi par les affres du temps et ravagé par tous les trafics des différentes minorités qui se disputent le terrain. Le commerce de la drogue y fait rage, contrôle par les Cubains, les Dominicains...
L'histoire démarre sur les chapeaux de roues avec la découverte d'un corps en sale état abandonné dans l'enclos des primates du zoo de Miami. Quel endroit bizarre pour y abandonner un cadavre ! Mais ce n'est pas un banal homicide ; loin de là. L'autopsie permet de trouver dans l'estomac du mort une drôle de mixture à la sauce magie noire accompagnée d'une étrange carte de tarots découpée en petits carrés en guise de garniture. Et pour assombrir encore plus cette macabre mise en scène, la famille du mort est retrouvée entièrement massacrée, les corps disposés en un morbide tableau en décomposition.
Les deux flics chargés de l'enquête ont du pain sur la planche. Ce sont les inspecteurs Max Mingus et Joe Linston, dont la complicité n'est guère appréciée par leur supérieur Eldon Burns qui, ironiquement, les surnomme son duo vanille-chocolat combattant le crime car les connotations racistes ne sont jamais très loin.
Très rapidement l'enquête s'oriente vers la communauté haïtienne très portée sur les pratiques de magie noire. Max et Joe vont croiser des personnages plus particuliers les uns que les autres et leurs pratiques le sont tout autant. L'enquête les porte vers une sombre diseuse de bonne aventure, Eva Desamours, aux pouvoirs puissants. Elle a un fils, Carmine, qu'elle tyrannise, maltraite depuis l'enfance et avec lequel elle entretient d'étranges rapports de domination. C'est un petit maquereau qui classifie ses filles suivant les couleurs d'un jeu de cartes leur accordant plus ou moins de valeurs sur le trottoir. Il y a également Sam Ismael, le gérant de la boutique Haïti Mystique, spécialisée dans le parfait attirail vaudou. Mais l'apothéose est Salomon Boukman, homme énigmatique que personne n'a vraiment vu mais dont tout le monde parle. Il semble avoir des dons d'ubiquité, de transformation et a visiblement comme signe distinctif une langue fourchue comme un serpent.

Toute cette jolie brochette de personnages pourrait faire penser à du grand Guignol mais c'est sans compter sur le talent de Nick Stone qui livre avec Voodoo Land un roman policier fort, puissant et irrévérencieux sur la politique américaine au début de l'ère Reagan dont certains membres politiques ne craignent pas de s'acoquiner avec la dictature haïtienne. Il n'hésite pas à montrer les manipulations policières pour fabriquer des coupables idéaux servant au mieux les intérêts des puissants politiques ou mafieux en place.

Les amateurs du rêve américain peuvent passer leur chemin, la corruption a tissé sa toile dans toutes les couches de la société américaine. On a devant les yeux le grand jeu de la domination montrée sous tous ses aspects, celle qui glorifie certains êtres et en détruit d'autres au nom de l'amour, de l'argent, de la croyance, du pouvoir. L'humain est décidément souvent très cupide et on en a sur presque six cents pages une magnifique démonstration grâce à l'écriture acerbe et sans complaisance de Nick Stone.


On en parle : La Tête en noir n°152 |La Tête en noir n°151

Citation

Les deux inspecteurs se regardèrent un instant, partageant horreur et dégoût, et cette idée qu'au moment où vous pensez avoir tout vu – le pire qu'un homme puisse faire à son prochain – quelque chose d'un peu plus horrible scintille au fond du puits, paré de sa mimique sanglante.

Rédacteur: Fabien Maurice jeudi 30 juin 2011
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