Le Chuchoteur

La femme gisait sur le ventre. Sa coupe au carré bien dégagée sur la nuque – cheveux blonds coloration chêne clair – mettait en valeur le cou gracile dont elle était certainement fière. Silhouette svelte et élancée, pas de blessure apparente côté dos.
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Roman - Thriller

Le Chuchoteur

Tueur en série MAJ mercredi 21 septembre 2011

Note accordée au livre: 2 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,5 €

Donato Carrisi
Il Suggeritore - 2010
Traduit de l'italien par Anaïs Bokobza
Paris : LGF, juin 2011
574 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-253-15720-5
Coll. "Thrillers", 32245

Thriller industriel

On le sait désormais, la sujétion à l'image fait que chaque thriller n'a pour seul et unique but - nirvana ultime -, une adaptation cinématographique. Fut-elle ratée, d'ailleurs. Mais une nouvelle influence incontournable se fait sentir sur le thriller industriel maintenant que le petit écran a fait de chacun un criminologue en puissance : la série télévisuelle ! D'où ce hou-fait-moi-peur tellement mondialisé qu'on ne juge même pas bon de nous dire où il se déroule exactement, comme pour souligner qu'il n'existe que dans un cadre purement fictif.

Le point de départ du Chuchoteur de l'Italien Donato Carrisi, la découverte de cadavres de fillettes au bras coupé, lance une chasse au tueur forcément froid, diabolique, calculateur et tout et tout jusqu'à un final qui donne une explication intéressante au titre. L'auteur se pose en spécialiste des tueurs en série (le Stéphane Bourgoin italien ?) à cause d'une thèse sur le Monstre de Florence (thèse aux hypothèses aussi contestées que lorsque Patricia Cornwell prétendit démasquer Jack L'Éventreur d'un péremptoire "affaire classée", mais passons), l'ensemble est ponctué d'annotations théoriques et sociologiques qui n'enrichiront que quiconque n'a jamais ouvert un polar ces vingt dernières années, au fil d'une intrigue tortueuse à souhaits.
Évidemment, face à ce Superman du crime, il faut une Superwoman : Mila Vasquez, une femme-flic forcément infaillible qui a résolu 89 cas de disparitions (à trente-deux ans faites le calcul, record de Stakhanov pulvérisé...), qui bien sûr, s'empresse d'entrer chez un suspect sans attendre les secours, recoud elle-même ses blessures, ramène les enfants kidnappés chez eux (et les borde dans leur lit ?), bref, on est plus chez Chuck Norris que Clarice Lispector (de l'incontournable Silence des agneaux, influence évidente du roman), même si un criminologue joue le rôle obligatoire du mentor.
Les personnages sont tellement stéréotypés qu'au final, leurs "secrets" restent leurs seuls traits de personnalité (mais un personnage de série TV inoxydable se définit par sa faiblesse, comme le détective dur à cuire des années 1990 se devait d'avoir un chat), si bien qu'il vaut mieux être attentif pour se souvenir de qui est qui et a fait quoi. Et la nécessité inspirée du cinéma d'avoir forcément un rebondissement tous les x-minutes, comme si l'ensemble est composé par logiciel, sans trop se soucier de savoir s'il tient debout — même si certains de ces rebondissements sont bien vus —, fait que la crédibilité est malmenée jusqu'à une révélation de dernière minute passablement incompréhensible.

Ce n'est pas mauvais, le métier est là et quelques passages sont prenants, mais le résultat va jusqu'à la logique même du thriller industriel en poussant l'absence de personnalité dans ses derniers retranchements, à tel point que l'on a l'impression de lire un texte composé par ordinateur en y entrant tous les thèmes à la mode (oui, comme ces films hollywoodiens au scénario tripatouillé au fil du temps par des hordes de réécriteurs et de producteurs). Apparemment, ça suffit à remporter une tripotée de prix. Drôle d'époque...

Citation

Le choix d'appeler la sixième fillette Priscilla n'était pas seulement dû à la nécessité de lui attribuer une consistance humaine. Il y avait aussi une autre raison  : Milla n'en pouvait plus de se référer à elle par un numéro.

Rédacteur: Thomas Bauduret mercredi 21 septembre 2011
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