Bettý

Le bruit mouillé qui réveille Angel Roberts, c'est celui de l'eau qui se déchire sous le poids d'une cage qui tombe. C'est une trappe à homards, elle en est certaine : elle a entendu des milliers de fois l'éclat de la mer qui se fend et se referme sur le piège, ce son chuintant comparable à celui d'une voile qu'on met en lambeaux.
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samedi 12 octobre

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Roman - Noir

Bettý

Hard boiled MAJ vendredi 28 octobre 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Arnaldur Indridason
Bettý - 2003
Traduit de l'islandais par Patrick Guelpa
Paris : Métailié, octobre 2011
214 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-86424-845-3
Coll. "Noir - Bibliothèque nordique"

Reykjavik confidential

Arnaldur Indridason s'est éveillé au genre policier à l'âge de trois ans. "Une nuit, je n'arrivais pas à dormir et je suis allé dans le salon où mon père regardait un film à la télévision. C'était Little Caesar. Ce fut mon introduction à la criminalité et longtemps, ce film est resté mon préféré." Little Caesar, réalisé par Mervyn LeRoy et adapté d'un roman de W. R. Burnett, l'auteur de Quand la ville dort (The Asphalt Jungle, 1949), est une œuvre noire qui retrace l'ascension d'un criminel italien sans scrupules. Longue introduction me direz-vous ? Surtout pour une chronique dédiée à un opus du romancier islandais le plus célèbre de ses quinze dernières années. Ce préambule m'apparaît cependant nécessaire avant toute tentative d'expliquer pourquoi il faut lire Bettý, un texte à part dans la production d'Arnaldur Indridason, sans doute le premier roman harboiled islandais.

Écrit à la première personne, ce court récit publié en 2003 entre La Voix et L'Homme du lac, ne met pas en scène le célèbre commissaire Erlandur Sveinsson, mais une femme fatale, Betty. Une plante vénéneuse qui a empoisonné la vie d'un bien naïf conseiller juridique. Pourquoi ? Comment ? C'est toute l'ambition d'Indridason que de le faire découvrir à ses lecteurs, par éclair de mémoire interposé. Tantôt emprisonné dans sa cellule, tantôt prisonnier d'un passé sulfureux avec Bettý, passé qu'il se remémore avec remords mais sans véritables regrets, le narrateur nous confie un à un les rouages d'un piège féminin machiavélique. Bien sûr, on pense à Brigid O'Shaughnessy dans Le Faucon maltais de Dashiell Hammett, où encore à Cora dans Le Facteur sonne toujours deux fois. Est-ce d'ailleurs un hasard si Indridason cite le chef-d'œuvre de James M. Cain en exergue de Bettý ? Pourtant, Indridason insuffle de la modernité à son archétype de vamp. Un vent du nord, dont le murmure glacé raconte un pays à la dérive, au-dessous du volcan... Un pays au bord du gouffre aussi, où l'Argent l'emporte sur la Nature. Où la Naïveté crève sous les coups acharnés de la Perversion. Betty n'est peut-être finalement que l'incarnation de cette Islande viciée, prête à faire chuter l'État insulaire dans le gouffre financier de 2008. Et voilà certainement l'une des clés du succès des best-sellers venus du froid, leur capacité à digérer l'imaginaire policier et criminel américain tout en s'ancrant fermement dans un terroir et des préoccupations purement septentrionaux. Finalement, à la dernière page, chacun donnera à Bettý le visage qu'il souhaite. C'est la force des grands romans que de transcender leurs personnages. C'est toute la puissance de ce grand roman de feu et de glace.


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°44

Citation

Je ne sais plus ce qui était vérité et ce qui était mensonge. Je ne crois plus rien, mais à l'époque, quand elle parlait de ses désirs et de ses passions, j'écoutais et je sentais combien elle m'attirait, je sentais combien nous avions de choses en commun, et même une expérience commune dont nous ne pouvions parler sans entraves et sans façons quand nous commencions à mieux nous connaître.

Rédacteur: Guillaume Lebeau lundi 26 septembre 2011
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