Contenu
Oscar Wilde et le nid de vipères
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Jean-Baptiste Dupin
Paris : 10-18, octobre 2011
480 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-05124-0
Coll. "Grands détectives", 4482
Quand un dandy devient Sherlock Holmes
Robert Sherard est à Paris où Oscar Wilde, vieilli, affaibli, est en exil après deux ans passés en prison, en Angleterre. Il voudrait l'aider financièrement, en faisant paraître un livre sur une affaire démêlée pour le compte du Prince de Galles. Mais, ce dernier a fait jurer à Wilde le secret pendant un siècle après sa mort.
Cette affaire a commencé lors de la réception du duc et de la duchesse d'Albemarle, en mars 1890. Le prince de Galles et son ainé honorent cette soirée de leur présence. Oscar est venu avec Arthur Conan Doyle et Robert Sherard. Lors du départ de son altesse, la duchesse est absente et le duc déclare ignorer où elle se trouve. Cependant, depuis une galerie, Robert a vu celui-ci verrouiller une porte située dans un coin du salon et entraperçut, derrière, une jeune femme à la poitrine dénudée. Le lendemain, la nouvelle de la mort de la duchesse se répand. Un télégramme convoque Oscar et Arthur chez le prince, qui demande un éclaircissement rapide de cette affaire, sans l'intervention de Scotland Yard.
Rapidement, des contradictions se font jour. Il apparaît que le corps de la duchesse a été retrouvé dans la pièce où Robert avait vu une femme dénudée. Son médecin affirme qu'elle avait des problèmes cardiaques, alors qu'Arthur, après avoir examiné le corps ne décèle pas de signe d'un décès dû à un tel malaise. Peu à peu, les personnalités complexes des acteurs du drame s'éclairent. Les pistes suivies par les deux limiers les amènent au plus près des secrets de la Couronne...
L'auteur développe une intrigue tout en subtilités, où Oscar Wilde occupe le devant de la scène, comme apparemment, il savait si bien le faire dans la "Gentry" londonienne. Il privilégie, pour son récit, l'étude des caractères, des attitudes et des réactions de ses personnages, aux actions physiques brutales. Cependant, les sentiments peuvent se révéler très violents. Il y a matière, alors, avec ces débordements, à élaborer un récit tout en cruauté.
Gyles Brandreth peuple l'univers de son héros de nombre d'interlocuteurs authentiques, leur faisant jouer leur propre rôle avec brio. Il en résulte des rencontres passionnantes avec des interlocuteurs que l'auteur par leur connaissance fine, rendent attrayantes et crédibles. Il permet, ainsi, de fréquenter le prince de Galles qui deviendra Edouard VII. Le portrait d'Arthur Conan Doyle, qui commence à acquérir une certaine notoriété avec les enquêtes de Sherlock Holmes, est celui d'un homme de bon sens, amoureux de son épouse, qui tient à sa vie de famille et pour qui l'écriture ne semble pas être primordiale. Le suivi des échanges entre les héros et Bram Stoker, sur les vampires, avec Jean Martin Charcot, spécialistes des maladies neurologiques, avec Anton Dvorak, Neil Onoloff... sont enrichissants.
Le roman se présente comme un dossier, une compilation de pièces diverses, d'articles de presse, d'extraits de journaux personnels...
Gyles Brandreth, à travers les différents rebondissements, fait découvrir les dessous d'une société sclérosée qui cultive des dehors honorables pour cacher soigneusement les psychoses et les désordres de ses membres. Il démontre que, des deux sens que peut prendre l'expression du nœud de vipères, le plus dangereux n'est pas celui auquel on s'attend. Le fond de l'intrigue est d'actualité avec les rapports entre le pouvoir et le sexe.
Oscar Wilde et le nid de vipères est la quatrième enquête que révèle Gyles Brandreth. Sa connaissance étendue du célèbre dandy rend celui-ci concret, crédible, d'une grande véracité. Les intrigues développées restituent le climat de cette époque et la vie d'un gandin dans une société confite dans le paraître et l'hypocrisie. Une réussite totale !
Citation
Wilde et moi avons-nous été recrutés pour découvrir la vérité... ou pour être complices de sa dissimulation ?