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So Picquet
Voilà un bien curieux roman noir que nous offre Thierry Picquet. Situant son action au plein cœur de l'Aveyron (ah ! Le polar "terroir" a encore de belles années à vivre...), il s'amuse à faire défiler avec un évident talent, au long des premiers chapitres, toute une galerie de personnages plus ou moins hauts en couleurs, dont on se demande bientôt, toutefois, par quel miracle, au final, leurs itinéraires respectifs vont finir par se croiser.
On fait ainsi connaissance avec un vieux résistant espagnol, un brin anar, avec un couple de noceurs ruraux désabusés et picoleurs (malicieusement prénommés Paul et Virginie), avec quelques voyous de banlieue amateurs de shit et de rodéos mortels, avec des chasseurs abrutis (désolé pour le pléonasme), avec un vieillard puceau qui fantasme sur son infirmière et avec de mystérieux porteurs de valises traqués par la police. Les époques se mélangent elles aussi, naviguant des années 1960 à aujourd'hui.
Les chapitres se succèdent et, petit à petit, comme par magie, les différents fils de l'histoire se raccrochent et l'intrigue se noue, jusqu'à la chute brutale, sombre, tragique, implacable, qui tombe comme un couperet, sans qu'on l'ait vue venir.
Le charme un peu troublant de ce roman provient en majeure partie du décalage entre le style quelque peu nonchalant de Thierry Picquet, qui semble toujours écrire avec un sourire ironique au coin des lèvres, et la noirceur du thème, comme si l'auteur s'excusait presque auprès de nous, d'une certaine manière, de nous embêter avec des histoires aussi tristes.
Car même si Thierry Picquet aime bien jouer les désinvoltes, comme le démontre le titre de son roman (les rédacteurs de l'Almanach Vermot n'ont qu'à bien se tenir : la concurrence est là !), on sent bien que chez lui, l'humaniste ne marche jamais très loin derrière le déconneur. L'humilité et le détachement dont il fait preuve tout au long de son roman, ce refus qu'il affiche de vouloir se présenter comme étant un "faiseur de morale", rendent la leçon de vie qu'il nous donne encore plus pertinente.
Tenez-le-vous donc pour dit : Le Mur de l'alimentation n'est pas un polar potache (aux vermicelles) mais bien un roman noir, profond, sincère et engagé.
Citation
En réalité, je n'ai pas vécu, je ne garde pas vraiment de mauvais souvenirs, mais je n'en conserve que très peu d'agréables.