Retour à Killybegs

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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Noir

Retour à Killybegs

Historique - Prison - Guerre - Terrorisme MAJ vendredi 28 octobre 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Sorj Chalandon
Paris : Grasset, août 2011
334 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-246-78569-9
Coll. "Roman"

Actualités

  • 09/10 Prix littéraire: Deuxième sélection du prix Jean Giono 2013
    L'on n'arrive plus à séparer Pierre Lemaitre de Sorj Chalandon. Pierre Lemaitre est un habitué des romans noirs et thrillers qui, ici, sur fond d'exclusion des survivants de la Grande guerre propose une immense arnaque. Sorj Chalandon, lui, est un habitué des listes de prix automnaux. Nous en avions parlé pour son étonnant roman Retour à Killybegs, qui nous entrainait au cœur du conflit irlandais avec une thématique sombre et qui justifiait sa présence en notre site. Il revient avec un roman qui mêle guerre du Liban et l'Antigone, de Jean Anouilh. Ils se retrouvent dans la sélection de quatre ouvrages remarqués par les jurés du prix Jean Giono après avoir été sur la liste du Goncourt. Rappelons que le premier nommé, "transfuge" du polar diront certains, est également en lice pour le grand prix du roman de l'Académie française, le Renaudot et le Femina.

    Sélection du prix Jean Giono 2013 :
    - Le Quatrième mur, de Sorj Chalandon (Grasset) ;
    - La Première pierre, de Pierre Jourde (Gallimard) ;
    - Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre (Albin Michel) ;
    - Arden, de Frédéric Verger (Gallimard).

    Le prix Jean Giono sera décerné le 17 octobre.
    Liens : Au revoir là-haut |Pierre Lemaitre

  • 01/10 Prix littéraire: Deuxième sélection 2013 du Goncourt
  • 06/12 Librairie: Sorj Chalandon à Livre Sterling

Dies IRAe

Tyrone Meehan a connu très tôt le goût de la terre, de la colère et du sang. À la mort de son père il apprend à baisser les yeux en croisant les soldats de la couronne, à ravaler sa salive et à serrer les poings au gré des humiliations. À jamais marqué par le sceau de la défaite, de la mort et de la soumission, il parvient néanmoins à se faire une place grâce à une autre famille : une famille qui n'a pas à baisser les yeux, une famille qui ne s'avouera jamais vaincue : l'IRA. Il gravit les échelons un à un, débutant comme simple guetteur, il s'entraîne au maniement des armes et finit par accomplir différentes actions de résistance... en passant régulièrement par la case prison.
Tyrone Meehan devient une légende de l'IRA. Pas un homme, pas un combattant, pas un héros : une légende. Adulé, vénéré, aimé, craint... jusqu'à sa chute. Lorsque, à plus de quatre-vingt ans, il revient dans la maison de son enfance, à Killybegs, il n'est plus ce qu'il était, il n'est plus rien. Fatigué, usé et attendant une exécution qu'il sait imminente, il ressent le besoin irrépressible de se raconter et de justifier l'injustifiable : sa trahison. Car, nous l'apprenons au cours de la lecture, Tyrone Meehan n'a pas trahi par idéologie et encore moins pour l'appât du gain. Lui-même finit par se chercher une raison qu'il connaît mais se refuse à admettre ; lui qui a souffert, a tué, a aimé sa terre, a pourri en prison sans jamais baisser les bras, lui qui a pourchassé toute sa vie les traîtres, en est devenu un. "Toute ma vie j'avais recherché des traîtres, et voilà que le pire de tous était caché dans mon ventre. Je ne l'avais pas vu venir celui-là."

On est entraîné au cœur du conflit irlandais, dans ces années sombres, ces heures où les nationalistes s'opposaient aux Britanniques, où l'on se rendait coup pour coup, comme le résume en une phrase Tyron Meehan, lorsqu'il est face à des geôliers revanchards : "J'ai beuglé de toutes mes forces. Sang pour sang, colère contre colère, leurs victimes contre les miennes." Colère contre colère, tout est dit.
Un livre qu'on ne lâche pas, où l'on nous montre le héros derrière la légende, l'homme derrière le héros, le salaud derrière l'homme parce qu'"un salaud est peut-être un chic type qui a baissé les bras". Meehan a baissé les bras, mais Sorj Chalandon nous rend son humanité dans un grand livre, une grande histoire noire teintée du vert irlandais, le cri de désespoir et d'incompréhension d'un homme qui se retourne sur un passé qu'il ne peut plus assumer.

Citation

L'IRA. Ce n'était plus trois lettres noires, bavées sur notre mur à la peinture haineuse. Ce n'était plus une condamnation entendue à la radio. Ce n'était plus une crainte, une insulte, l'autre nom du démon. Mais c'était un espoir, une promesse.

Rédacteur: Gilles Marchand dimanche 27 octobre 2013
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