L'Offense

Je suis un travailleur, un malheureux. Vous faites votre devoir. Je vous remercie, mais je suis un travailleur, un malheureux, commissaire. Je ne suis rien du tout. Vous comprenez ? Au revoir. Portez-vous bien.
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mardi 16 avril

Contenu

Roman - Noir

L'Offense

Mafia MAJ lundi 30 janvier 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Francesco De Filippo
Sfregio - 2006
Traduit de l'italien par Serge Quadruppani
Paris : Métailié, septembre 2011
230 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-86424-735-7
Coll. "Noir"

Actualités

  • 13/06 Prix littéraire: Mille et une feuilles noires - sélection 2014
    Le Prix des lecteurs de la bibliothèque municipale de Lamballe et de l'association La Fureur du noir est lancé depuis le 13 juin. Huit ouvrages sont en compétition. Le vainqueur sera dévoilé à l'occasion de la nouvelle édition de Noir sur la ville qui se déroulera du 14 au 16 novembre 2014. Il est à noter que les auteurs - tous francophones - qui ont écrit les romans nommés seront présents lors de la manifestation culturelle et policière. Qui succèdera à Olivier Truc, pour son roman ethnologique nordique Le Dernier Lapon ? Les lecteurs adultes de la Bibliothèque municipale de la Ville de Lamballe ont jusqu'au 14 novembre pour noircir leur feuillet de notes allant de 0 à 10 et le remettre aux initiateurs du prix. Cette deuxième édition comporte huit romans, et l'on ne peut s'empêcher de penser à la vue de la sélection et des trajectoires identiques, que le polar mongol de Ian Manoock pourrait tirer son épingle du jeu. Fort heureusement, le choix final revient aux lecteurs amateurs du genre. Et leurs avis révèleront peut-être un tout autre choix. Au vu de la sélection, tout ce que l'on souhaite c'est bien entendu un engouement, une forte participation et un prix difficile à décerner tant le résultat serait serré.

    Sélection 2014 :
    - L'Offense, de Francesco de Filippo (Métailié, 2011) ;
    - Les Démons de Berlin, d'Ignacio del Valle (Phébus, 2013) ;
    - Le Homard, de Pascale Dietrich (In8, 2013) ;
    - Casher nostras, de Karim Madani (Le Seuil, 2013) ;
    - L'Homme qui a vu l'homme, de Marin Ledun (Ombres noires, 2014) ;
    - Yeruldegger, de Ian Manook (Albin Michel, 2013) ;
    - Le Cimetière des chimères, d'Éléna Piacentini (Au-delà du raisonnable, 2013) ;
    - Ombres et soleil, de Dominique Sylvain (Viviane Hamy, 2014).
    Liens : L'Homme qui a vu l'homme |Yeruldegger |Le Cimetière des chimères |Le Dernier Lapon |Francesco De Filippo |Ignacio Del Valle |Karim Madani |Marin Ledun |Ian Manook |Éléna Piacentini |Dominique Sylvain |Olivier Truc |La Fureur du noir |Noir sur la ville

Vie ordinaire d'un petit mafieux

Comment parler de la Mafia, la Camorra, autrement que comme une pieuvre qui dévore le cœur de l'Italie ? Récemment, Gomorra traitait ce groupe sous le prisme du documentaire en montrant combien ce n'étaient pas des "héros romantiques" mais des cyniques volant partout où ils le pouvaient. Giancarlo De Cataldo dans Romanzo criminale montrait l'irrésistible ascension d'un groupe d'amis dans un gang, sa volonté inflexible et ses liens avec le monde politique.

L'Offense choisit un autre mode : celui de l'innocence. Le personnage central vit depuis sa naissance dans un quartier où la mafia règne. Il se demande même si son mariage n'a pas été arrangé. Alors qu'il vit en marge de l'activité criminelle, Gennaro vivote. Puis il est convoqué par un chef mafieux qui le fait entrer dans le monde criminel, comme prête-nom. La vie pourrait s'écouler calmement car il gagne de l'argent sans rien faire, mais il doit à présent donner des gages de sa bonne foi et Paolino, le bras droit du chef, va devenir son maitre d'apprentissage.
La force du récit vient de cette plongée dans l'horreur la plus totale que le personnage décrit de manière réaliste, avec un souci du détail où la force d'évocation scabreuse est compensée par un regard d'innocent, d'un acteur qui vit cela comme une activité normale (mais qui aura de plus en plus de doute sur son "travail", surtout parce que sa femme le quitte). Le soin des personnages secondaires : la figure noire de Paolino, le cynisme du chef, les silhouettes de petits truands noirs, renforce la force réaliste du texte.
L'un des acteurs de l'histoire est un petit handicapé que les œuvres sociales italiennes ne peuvent aider. La mafia lui verse une retraite qui lui permet de rester derrière sa fenêtre et de téléphoner dès qu'il voit un truc louche. Il mourra, tué par une bande rivale, après avoir empêché son chef de clan d'être victime d'un attentat, et tout le quartier de louer sa fidélité et sa mort "honnête".

Ce petit événement à lui seul reflète bien la façon dont , cyniquement, la mafia joue un rôle que les puissances publiques négligent. La violence ignoble, les perversions sexuelles se mélangent dans des scènes fortes: une longue scène évoque les bonbonnières, ces femmes qui se "remplissent" avec des sachets de drogue, ou une virée de l'apprenti mafieux dans un gang d'Africains perdus dans les souterrains sous une autoroute. Or Francesco De Filippo, à travers Gennaro, décrit cela de l'intérieur, comme une donnée immédiate, naturelle, comme si la mafia était une chose normale - on va torturer comme on va pointer -, un choix logique de vie. Une autre façon efficace de présenter la Mafia.

Nominations :
Mille et une feuilles noires 2014

Citation

Alors on leur avait retiré les pneus et, eux, ils avaient pris l'autobus, et quand on a mis le feu aux autobus, ils sont allés à pied. Et on pouvait pas leur couper les pieds. Pas à tous, du moins.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 04 juillet 2012
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