La Cabane des pendus

Le maire était malade. Il se mourait. La guerre n'empêche pas d'être malades, ni de mourir de maladie.
Georges Simenon - Le Clan des Ostendais
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

samedi 20 avril

Contenu

Roman -

La Cabane des pendus

Historique - Tueur en série - Drogue MAJ jeudi 29 mars 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Gordon Ferris
The Hanging Shed - 2011
Traduit de l'anglais (Écosse) par Jacques Martinache
Paris : Presses de la Cité, février 2012
360 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-09140-5
Coll. "Sang d'encre"

Une course contre la mort dans le Glasgow de 1946.

La fin des combats, après une guerre aussi terrible que la Seconde Guerre mondiale, n'est pas pour autant synonyme de bonheur retrouvé. Gordon Ferris en fait la démonstration en mêlant à une intrigue percutante une description réaliste d'une époque restée dans l'ombre.

Douglas Brodie, dit Dougie, un Écossais, tente de se construire une nouvelle vie dans le Londres de 1946. Policier à Glasgow avant le conflit, il veut devenir journaliste. Il place de plus en plus de piges et réussit à tempérer sa consommation d'alcool.
Un appel au secours d'Hugh Donovan, un ami d'enfance, remet en question ce fragile équilibre. Celui-ci est accusé du meurtre de cinq enfants et va être pendu dans quatre semaines. Dougie est plus que réticent à l'aider car, lui-même, a eu envie de lui tordre le cou pendant la moitié de sa vie.
Après bien des hésitations, il part pour l'Écosse. À la prison, la rencontre est terrible. Le beau jeune homme, qui a volé la femme de la vie de Dougie, est un grand brûlé, défiguré.
Dougie contacte Sam Campbell, l'avocate d'Hugh, une frêle blonde à la posture glaciale. Elle a besoin, très vite, d'éléments pour tenter de faire appel, malgré l'accumulation de preuves et... des aveux. Hugh se droguait pour lutter contre la douleur occasionnée par ses blessures. Douglas décide de commencer par ce milieu. Il apprend que la famille qui occupait le logement voisin de celui d'Hugh, a déménagé tout de suite après l'arrestation de celui-ci par la police. Un prêtre l'aiguille vers l'île d'Arran. En revenant, deux hommes jettent Douglas à la mer.

Gordon Ferris, dans un style direct, avec une écriture incisive, un ton dynamique, concocte une intrigue structurée, bien étayée par nombre de paramètres psychologiques. Il joue avec des éléments classiques du polar noir tels que l'ancien policier, des personnes en déshérence, la drogue, les flics véreux et les responsables vénaux... qu'il met en musique avec une grande habileté. Il bâtit, ainsi, à rebours, une histoire solide avec des personnages qui le sont moins.

Parallèlement, l'auteur mène un travail de mémoire sur une période quelque peu occultée par les historiens. Ceux-ci s'attardent sur le conflit, sur la liesse qui a suivi l'arrêt des combats. Mais, ils évoquent rarement les traumatismes de ceux qui ont vécu l'enfer, les souffrances, la réadaptation à une vie civile quand il y a tant de blessures morales et physiques à cicatriser. Gordon Ferris, avec ses deux personnages principaux, décrit ce réapprentissage d'une vie nourrie de cauchemars et les cas, plus dramatiques, des grands blessés, de leurs séquelles.

Il met en avant le désenchantement d'une génération qui, face aux nouvelles privations, au chômage, à la misère, s'interrogent : "Cela rappelait de manière inquiétante les années 30, la Dépression et les marches de la faim. Où étaient les lauriers et les fruits de la victoire ?"

Gordon Ferris, un auteur à suivre, mène un travail approfondi sur une époque, sur les conséquences d'un conflit. Il élabore une intrigue construite avec soin où la tension ne se dément pas. C'est un roman qui vous prend aux tripes, que vous dévorez comme si votre vie en dépendait, où les personnages vous hantent longtemps après que le livre soit refermé.


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°55

Citation

Je n'avais pas encore pris conscience que toute cette histoire me rendait furieux. Furieux d'être traîné ici, loin de la nouvelle vie que je tentais de bâtir à Londres. Furieux d'avoir à remuer le passé. Furieux du miroir qu'on me tendait dans cette ville, mon ancien royaume. Furieux d'être arrivé à trente-quatre ans, après avoir fait des études, sans avoir rien accompli. Furieux d'être aussi pitoyable.

Rédacteur: Serge Perraud vendredi 09 mars 2012
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page