Blue Jay Way

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vendredi 29 mars

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Roman -

Blue Jay Way

Psychologique - Tueur en série MAJ mardi 27 mars 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,3 €

Fabrice Colin
Paris : Sonatine, février 2012
480 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-107-1

Actualités

Là où tout se perd

Au départ, "Blue Jay way" est une chanson méconnue des Beatles. Empreinte de psychédélisme, ses sonorités troublent l'auditeur et créent une impression de malaise. Raison sans doute pour laquelle ce nom est donné à une villa des collines d'Hollywood et sert de titre-écrin au roman de Fabrice Colin. Cette villa est en effet au cœur du roman : Julien, jeune écrivain français, est chargé de s'occuper du fils de son amie, une célèbre écrivaine. Un fiston qui vit dans cette villa avec son père. À peine arrivé, Julien est dragué par la nouvelle épouse du père. Celle-ci est retrouvée morte alors que Julien surprend de bien mystérieux complots autour du fils chéri.
Comment distiller le malaise ? Tout le talent narratif, référentiel et stylistique, de Fabrice Colin répond avec force dans ce thriller qui a choisi d'être un "thriller ayant fait un pas de côté". D'un point de vue narratif, l'auteur éclate son intrigue entre le présent et un passé explicatif. Mais ce passé, s'il ouvre des portes sur les positions et les actions des protagonistes, n'est jamais l'occasion de nous faire le coup des pensées du tueur en italiques, de nous confronter à l'horrible de ses actions (à la fin du livre, il sera détaillé sans aucun effet gore, une scène de torture, comme une action normale). L'auteur enchâsse son roman par une sorte de livre dans le livre, mais, là aussi, au service de son histoire, cette imbrication renforce l'atmosphère onirique de l'ouvrage.
Blue Jay Way oscille constamment entre une description hyper réaliste (à supposer que cette réalité existe : d'ailleurs l'un des personnages est un "héros" de la télé-réalité, forme d'oxymore absolu des temps modernes), et des éléments d'un fantastique dilué car certains personnages semblent disparaître de la scène sans raison (leurs noms renvoyant d'ailleurs aux circonstances d'écriture de la chanson des Beatles), et des policiers mentent eux aussi sans raison sur leur vie privée. Tout devient fuyant à l'instar du tueur qui passe son temps non à tuer, mais à manipuler pour que les autres tuent, à s'affubler de postiches et de fausses identités. Tout ressemble à un long cauchemar éveillé, concourt à faire du lecteur un homme déambulant dans des tableaux de Hopper sans en percevoir tous les motifs.
Le personnage central du texte, Julien (comme Sorel ?), développe lui aussi le héros de "thriller de côté" : habituellement, c'est un être naïf qui face à la complexité du monde va en déchiffrer les tenants et les aboutissants. Ici, c'est un être kafkaïen, dépassé par les événements, surfant sur la vague, hédoniste et velléitaire, passif, finalement très représentatif de notre époque. Il est falot à un point tel que, même s'il avait été l'amant de la femme morte, personne ne songe à lui comme coupable ! Et lui-même ne se sent jamais investi de la mission de découvrir le vrai assassin comme le ferait n'importe quel "chevalier servant" d'un thriller.
Blue Jay way est un chemin tortueux. Fabrice Colin nous prend par la main et nous entraine à sa suite, comme le nain dans Twin Peaks (avec la même idée du Mal comme force naturelle et primordiale), dans un rêve. À la fin , il nous offre une série d'explications qui toutes explicitent l'intrigue et toutes renforcent le sentiment d'irréalité, car il est impossible de sortir d'un vrai cauchemar, d'une vraie fiction, d'une vérité, tout étant lié pour nous perdre, humains, personnages ou lecteurs.


On en parle : Alibis n°44 |L'Indic n°11

Nominations :
Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon 2012
Prix Landerneau Polar 2012
Lion noir 2013

Citation

Ce que je savais c'est que leur assassin avait reçu une balle en pleine tête sous mes yeux, que j'avais vu son corps basculer dans le seaux noires du Lac Tahoe et que je venais trois mois plus tard, de recevoir un SMS portant sa signature.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 26 mars 2012
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