Le Silence des Cris

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Roman - Policier

Le Silence des Cris

Ethnologique MAJ mardi 03 avril 2012

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,5 €

Stéphanie de Mecquenem
Paris : Edilivre, février 2012
206 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-332471857
Coll. "Coup de cœur"

Ventre affamé n'a pas d'oreille

Vous connaissez l'histoire de l'auberge rouge ? Grand succès du théâtre au XIXe siècle (caché dans le film avec Arletty, Les Enfants du Paradis), elle fut relancée par Fernandel puis par Gérard Jugnot. Peut-être était-elle cachée déjà dans les gravures du songe de Poliphile, un mystérieux livre de la Renaissance qui a fait beaucoup couler d'encre car le récit qu'il contient dissimulait peut-être des secrets, mais aussi parce qu'il évoquait le cannibalisme. Or la viande humaine, vivante ou morte, est au cœur du Silence des Cris, le roman de Stéphanie de Menecquem.

Nous sommes dans le grand Nord canadien, là où vivent les derniers indigènes, les Crees ou Cris. Depuis quelques temps, des disparitions mystérieuses inquiètent. Des jeunes femmes cries s'évaporent dans la nature. Entre les autorités tribales qui ne veulent pas de vague car c'est leur propre moralité qui pourrait être jugée et les autorités canadiennes qui se moquent bien du sort de ces sauvages. La découverte d'un corps congelé va précipiter une débutante, Thiphaine, dans la cour des grands afin de découvrir ce qui se cache derrière ce meurtre : des coïncidences, un serial killer ou une organisation mafieuse ?

Le Silence des Cris s'inspire d'un faits divers pour raconter une histoire liée aux corps et à la façon de les faire disparaître. L'intrigue, elle aussi, a affiné sa silhouette, s'est dépouillée de sa propre chair pour mieux nous en montrer le squelette. Rapide, l'enquête qui mélange à la fois le récit de la découverte des indices, des dissertations sur le songe de Poliphile évoque les pistes, les coupables, les motivations plus qu'elle ne dévoile. Là, où un écrivain se serait inspiré de ses "visions", de son style, de ses propres obsessions pour écrire un thriller haletant, mixant la condition sociale des victimes, le cynisme des autorités, la froideur absolue du tueur et l'enquête dans des décors splendides, Stéphanie de Mecquenem détaille peu, se concentre sur l'histoire réelle qu'elle dévide. Avocate de profession, elle a peut-être pris le pli de se concentrer sur les faits. Débutante en écriture, il lui reste à saisir qu'il faut aussi broder, se permettre des infidélités, tourner autour de son sujet, bref rajouter toute la substantifique moelle à un squelette qu'elle a intelligemment, patiemment et méticuleusement reconstitué. C'est tout le mal que l'on lui souhaite pour son prochain opus

Citation

Vous ne pouvez pas savoir comme je me sentais mieux après... Comme rassasié... Mais très vite, la sensation de vide revenait, alors il fallait de nouveau le combler.

Rédacteur: Laurent Greusard dimanche 01 avril 2012
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