Défunts disparus

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Roman - Noir

Défunts disparus

Hard boiled - Corruption MAJ mercredi 30 mai 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 6,15 €

Paco Ignacio Taibo II
Desvanecidos difuntos - 2006
Traduit de l'espagnol (Mexique) par René Solis
Paris : Rivages, mai 2012
124 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2366-1
Coll. "Noir", 871

Irrationnelle déduction

"Un type débarque au 221B Baker Street, Holmes l'invite à s'asseoir, l'observe attentivement et, devant un Watson totalement abasourdi, il lui dit : 'Vous, petit trou du cul, vous êtes journaliste, marié à une rousse et vous venez d'arrêter de fumer, ce qui vous rend très nerveux. Vous êtes gaucher, catholique, vous venez d'être démobilisé et revenez de la guerre des Boers, vous portez la montre de votre défunt père et vous avez mangé des cerises avant de venir ici.' Le type en reste sur le cul et avoue que c'est vrai. Que tout est vrai. Et alors, comme un con, tu te mets à adorer Sherlock Holmes et tu n'en as rien à cirer de toute l'explication que le foutu grand maigre de cocaïnomane te balance dessus. Il n'y a que la réalité pour être aussi chiante que la littérature."

Medardo Rivera déteste le détective privé à la méthode déductive (il faut dire que l'on peut admettre qu'il y a pléthore d'autres déductions toutes aussi valables les unes que les autres qui auraient pu être émises à juste titre), et lui préfère un camarade parfaitement irrationnel. Alors ce sera le borgne Héctor Belascoáran Shayne. Sa mission ? Retrouver un mort qui ne l'est pas afin de l'innocenter d'un crime qu'il n'a pas commis car à l'instar de nombreux intellectuels et autres professeurs gauchistes, il a été incarcéré et torturé afin d'avouer un crime imaginaire. À partir de cette trame simplissime, Paco Ignacio Taibo II déroule son intrigue où il révèle la corruption de la police mexicaine en même temps que les collusions avec la justice, et l'inanité des preuves et autres alibis (il faudra qu'Héctor Belascoáran Shayne use d'un stratagème inouï pour parvenir à solder ses comptes et terminer victorieusement son enquête). Si le détective les solde, l'auteur les règle avec ce pauvre Arthur Conan Doyle. Et pourtant, l'on sait l'affection qui lie les deux auteurs à des décennies d'intervalle. L'on ne saurait trop conseiller à Paco Ignacio Taibo II une séance de spiritisme pour contacter son illustre prédécesseur (il lui faudra alors confronter accent anglais écossais et mexicain) pour discuter de vive voix de cette satanée méthode déductive. Il n'empêche que ce court roman tout en rythme se lit d'une traite avec plaisir, que retrouver Héctor Belascoáran Shayne est réjouissant, et que l'histoire racontée est à la fois belle et noire. Et c'est ainsi que la littérature est aussi surprenante que la réalité...


On en parle : La Tête en noir n°157 |Carnet de la Noir'Rôde n°46

Citation

Héctor alluma une nouvelle cigarette au mégot de la précédente et observa les murs blancs qui entouraient la cour. Rien à faire, Medardo Rivera allait lui re-raconter l'histoire. C'était comme cela qu'étaient tous les maîtres d'école qu'il avait connus, y compris les bons.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 29 mai 2012
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