Le Choix des désordres

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Roman - Policier

Le Choix des désordres

Historique - Enlèvement MAJ mardi 17 juillet 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 7,5 €

Pierre D'Ovidio
Paris : 10-18, mars 2012
288 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-05320-6
Coll. "Grands détectives", 4532

Où commence le désordre ?

Le choix des années 1945-1946 pour placer des intrigues de romans policiers historiques est-il judicieux ? N'est-ce pas une période trop proche, trop récente pour ressentir le décalage d'un voyage dans le passé ? Pierre d'Ovidio, avec un enquêteur, oh combien ! attachant, nous prouve le contraire. Dépaysement assuré !

Maurice Clavault est un jeune inspecteur au commissariat de Vanves. Son éclatant succès dans son enquête précédente (L'Ingratitude des fils, 10-18 "Grands détectives" n° 4402) lui vaut l'inimitié de Jean-François Bléchet son supérieur, un commissaire qui a su se mettre en avant au bon moment. Celui-ci ne lui confie que des affaires mineures de marché noir, de cartes de ravitaillement falsifiées, de vols à l'étalage...
C'est à la mi-décembre 1945 que Maurice est convoqué par son chef. Celui-ci l'informe qu'à Madagascar deux chefs locaux ont été assassinés, que les colons sont inquiets. Le ministre demande qu'un inspecteur surveille l'activité de deux députés indigènes, qui arrivent à Paris. Bléchet a tout de suite pensé à Maurice pour cette sinécure. Il se retrouve au Bourget pour assister à l'arrivée des représentants malgaches. Mais la voiture, qui devait lui permettre de les suivre, est repartie à Vanves, par ordre de Bléchet.
Il finit par les retrouver. Ceux-ci, après quelques jours, emménagent dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement. Maurice doit, sans relève, dans le froid, assurer une fastidieuse surveillance. Mais, il n'est pas le seul. Le DGER, les services secrets, ont dépêché Jacques Bouté. Les deux hommes unissent leurs efforts. Il a un véhicule où ils se réfugient pour lutter contre le froid. Parallèlement, sa vie privée se complique. S'il file le parfait amour avec Ginette, une comédienne en herbe, l'installation de celle-ci dans le pavillon avec la mère du jeune homme provoque des conflits. Ginette, qui n'en peut plus de la cohabitation, s'éloigne. Les mois passent dans le froid, les restrictions, l'ennui.
Et Maurice est désigné pour se rendre à Madagascar où un éminent colon a disparu. Ce n'est que le premier...

L'auteur nourrit son intrigue de la délinquance de l'époque composée principalement de différents trafics, de la recherche des produits de première nécessité. Le superflu n'existait pas pour le peuple. Mais, l'essentiel de son roman s'appuie sur des événements quelque peu oubliés, qui n'ont pas eu un retentissement à la hauteur des troubles, à l'époque, en Métropole. Est-ce dû à une censure active ou à l'éloignement des lieux du conflit ?
Pierre d'Ovidio redonne vie à ces mouvements indépendantistes naissants, exposant une vision trouble de la gente politique quant à la colonisation. Il dissèque quelques stratégies tordues de ceux qui voulaient garder l'Empire Colonial dans l'état où il se trouvait avant la Seconde Guerre mondiale.

Mais, Pierre d'Ovidio fait revivre aussi le quotidien d'un peuple qui, passé l'euphorie de la victoire et de la fin des années de guerre, est confronté aux privations, aux restrictions, à la pénurie cruciale de logements... (Dans ce dernier domaine, la situation n'a pas évolué !) Il fait partager au lecteur, à travers son héros et ceux qui l'entourent, les conditions matérielles précaires, les soucis journaliers, les queues interminables pour acheter le minimum. Il expose les escroqueries minables...

Il brosse un portrait attachant de Paul Léautaud, par des rencontres entre l'écrivain libertaire et Maurice, cite Charles Trenet et ses nouveaux refrains, évoque l'Épuration, les carriéristes... Il fait ressentir les décalages entre cette époque récente et la nôtre quant aux moyens de communication, de déplacements. Il donne mille détails de la société et de ses usages comme cette obligation, pour les écoliers du primaire, de vendre timbres et vignettes au profit d'œuvres d'utilité publique.

Outre l'évocation érudite et circonstanciée de ces années, Pierre d'Ovidio, par son analyse politique, son sens du récit, avec une intrigue tout en subtilité, rend Le Choix des désordres passionnant.

Citation

La note que j'ai reçue n'est pas très claire. Toujours est-il que les planteurs sont inquiets. Certains, la plupart d'après cette note, ont toujours une arme à portée de main. Ils craignent pour leur propre sécurité, celle de leur famille, de leurs biens... Une situation bien difficile dans les circonstances actuelles.

Rédacteur: Serge Perraud lundi 02 juillet 2012
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