Aller-retour

En imperméable et foulard sur la tête, elles enfourchèrent des bicyclettes et prirent le chemin de Villerville où, sans s'attarder, elles se partagèrent les achats. Marion s'occupa du poulet et des soles, et Fanny de la charcuterie, de la tarte normande et des fruits. De retour, elles constatèrent que les maris n'étaient pas rentrés. Elles s'essuyèrent le visage et ranimèrent le feu dans la cheminée du salon. Il fallait attendre... et faire les lits. Elles montèrent à l'étage.
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Bande dessinée - Noir

Aller-retour

Enquête littéraire - Disparition MAJ mardi 31 juillet 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16,95 €

Frédéric Bézian (scénario & dessin)
Paris : Delcourt, janvier 2012
80 p. ; illustrations en couleur ; 32 x 24 cm
ISBN 978-2-7560-2305-2

L'histoire de la mouche dans l'autobus

Basile Far est un détective privé mélomane et cinéphile d'une célèbre agence que l'on ne nommera pas. Cela sonne comme un cliché de la littérature, mais c'est le personnage choisi par Frédéric Bézian pour une bande dessinée nostalgique qui passe par beaucoup d'états. Le lecteur se demandera longtemps sur qui ou quoi enquête Basile Far dans des planches qui virent d'entrée et pour longtemps de la bichromie appréciée du genre policier au noir et blanc. Bien sûr, il aura quelques pistes. La causticité de Basile Far, qui ne s'exprime que très peu avec la servante de l'hôtel, un photographe, un docteur, des bonnes sœurs, s'entend par une voix narrative qui suit ses errements dans un petit village de province accessible par RER. Le titre de la bande dessinée, Aller-retour, l'incite d'ailleurs à penser que le détective se déplace dans un bourg pour résoudre son enquête avant de repartir tel Maigret et l'affaire Saint-Fiacre, dont il est fait allusion tout du long. Tout juste si à travers une plaisanterie, il ne dit pas une once de vérité. Le lecteur devra attendre le dernier quart de cet Aller-retour pour s'entendre poser la question qu'il s'évertue à repousser dans son esprit : "Qui ?" Car l'on se demande bien sur quelle disparition Basile Far enquête. Dans un accès tout mesuré de rage, il poussera dans ses derniers retranchements un photographe qui fait disparaître des personnes sur ses photos ("Les personnes dont on ne se souvient plus, je les retire. Ce ne sont jamais que des empreintes de lumière"). Et puis l'on se dit que ces nombreuses pages en noir et blanc nous proposant un détective grand échalas hachuré quand il n'est pas flouté voire présenté uniquement de dos - plus de deux mètres -, et qui pourtant se fond dans un univers réfractaire grâce à sa silhouette dégingandée et son visage, sont un aller-retour dans son passé. Qu'il n'y a pas d'enquête, encore moins littéraire (malgré de jolis hommages), mais une quête identitaire. D'ailleurs, une des bonne sœurs se doute de quelque chose mais se tait. Et puis le docteur qui a prêté sa voiture et qui lui trouve une tête à ne pas dormir la nuit a mené lui aussi son enquête avant de raconter l'histoire de la mouche dans l'autobus. Mais notre enquêteur, tout bouleversé, s'en ira retourner chez lui après une ultime confrontation d'idées, et cette observation implacable : quand on renverse le "w" de "rewind" cela donne "remind". Les anglophones comprendront. Les lecteurs apprécieront.

Illustration intérieure

Descente du RER pour le détective Basile Far à la recherche d'un disparu que l'on ne connait pas.


Citation

Les sœurs dominicaines missionnaires des campagnes, et sœur Marie-Armelle en particulier, ont une idée subtile et orientée de la disparition.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 31 juillet 2012
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