La Ville des serpents d'eau

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Roman - Policier

La Ville des serpents d'eau

Tueur en série - Enlèvement MAJ mardi 18 septembre 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,5 €

Brigitte Aubert
Paris : Le Seuil, septembre 2012
287 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-107538-0
Coll. "Policiers"

Actualités

  • 29/08 Prix littéraire: Sélections 2013 des Prix Interpol'Art
  • 14/09 Édition: Parutions de la semaine - 14 septembre
    Les éditions du Seuil font paraitre le nouveau roman de Brigitte Aubert, La Ville des serpents d'eau, et l'on se dit qu'il s'en trouvera bien un à la rédaction pour plonger dans cette sombre histoire qui se base sur le honteux et dramatique secret des habitants de Ennatown. Pourquoi met-on ce roman en avant ? C'est parce que dans une semaine très chargée, il faut rendre à Brigitte Aubert ce qui est à Brigitte Aubert. Ses parutions se font rares, mais elles conservent ce style ferme qui est le sien.
    Les éditions Gallimard annoncent leur rentrée littéraire avec deux romans de la "Série noire" : I cursini, d'Alix Deniger, dont l'action se déroule au milieu des autonomistes corses (tiens, tiens, étonnant, non ?), et Les Anges noirs, une enquête sur fond informatique de l'Islandais Ævar Orn Josepsson. Deux romans totalement opposés par la géographie et les thèmes abordés.
    La rédaction, qui a quand même un peu lu, a trouvé fort appréciable Blood Hollow, un western, évidemment car c'est à la mode, crépusculaire de William Kent Krueger (Le Cherche midi), Pike, de Benjamin Whitmer (qui rappellera par certains aspects le personnage de Parker de l'ami Richard Stark), chez Gallmeister, et Le Dernier Lapon, d'Olivier Truc chez Métailié - nous avons également interviewé l'auteur ; le roman fera d'ailleurs l'objet du prochain concours en nos pages...
    Mais comme il en reste à lire, en voici une petite sélection : Madame Courage, de Serge Quadruppani et Plaintes, de Ian Rankin. Les deux romans sont publiés au Masque en grands formats. Manège, de Rodrigo Rey-Rosa, un auteur guatémaltèque qui est édité chez Gallimard dans la très classe collection "Du monde entier". Comme dans un miroir, de Gunnar Staalesen (Gaïa). Et Louise Penny qui revient chez Actes sud avec un Mois plus cruel.
    Bien entendu, vous êtes libre d'aller voir du côté des poches qui offrent cette semaine leur lot de petites perles rééditées de Thomas H. Cook (deux fois) à Manuel Vàsquez Montalbàn en passant par Mons Kallentoft, Natsuo Kirino, Marco Malvadi et Håkan Nesser...

    Grand format :
    La Bête : polar solidaire, de Ada Nisen (Mon village, "Roman")
    Le Retour de Robespierre, de Christian Angles (Les Nouveaux auteurs, "Thriller")
    La Ville des serpents d'eau, de Brigitte Aubert (Le Seuil, "Policiers")
    Ceux qui restent, de Jane Casey (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
    404 not found, de Hervé Decca (Actes sud, "Actes noirs")
    Les Marches du temps, de Jean-Luc Demelier (Annaeditions)
    I cursini, d'Alix Deninger (Gallimard, "Série noire")
    Thalamus, de Stéphane Gérard (Les Nouveaux auteurs, "Thriller")
    Les Marins des hautes-terres, de Raymond Jardin (Parole, "La&mnbsp;Mescla")
    Les Anges noirs, de Ævar Orn Josepsson (Gallimard, "Série noire")
    Blood Hollow, de William Kent Krueger (Le Cherche midi, "Thriller")
    L'Or du Ville de Grasse, de Dany Loridon & Gérard Loridon (Presses de la Cité)
    Tais-toi et meurs, d'Alain Mabanckou (La Branche, "Vendredi 13")
    Le Poulet veille au grain, de Jean-Jacques Michelet (L'Harmattan)
    Edward Hopper, rhapsodie en bleu, de Jean-Pierre Naugrette (Nouvelles éditions Scala, "Ateliers imaginaires")
    Le Mois le plus cruel, de Louise Penny (Actes sud, "Actes noirs")
    Madame Courage, de Serge Quadruppani (Le Masque, "Grands formats")
    Plaintes, de Ian Rankin (Le Masque, "Grands formats")
    Manège, de Rodrigo Rey-Rosa (Gallimard, "Du monde entier")
    La Civilisation des abysses, de James Rollins (Fleuve noir, "Thriller")
    Ces dames du palais Rizzi, de San-Antonio (Fleuve noir, "San-Antonio, grands formats")
    Comme dans un miroir, de Gunnar Staalesen (Gaïa)
    Sur les ossements des morts, d'Olga Tokarczuk (Noir sur blanc)
    Le Dernier Lapon, d'Olivier Truc (Métailié, "Noir")
    Pike, de Benjamin Whitmer (Gallmeister, "Noire")

    Poche :
    Du sang sur l'autel, de Thomas H. Cook (Points, "Policiers")
    La Preuve de sang, de Thomas H. Cook (Folio, "Policier")
    Les Six naïades, de laurent Corre (Le Caïman, "Polars")
    En compagnie du diable, de Tess Gerritsen (Pocket, "Thriller")
    Sombre célébration, de Charlaine Harris (J'ai lu, "Darklight")
    Une petite villesans histoire, de Greg Iles (Points, "Thriller")
    Automne, de Mons Kallentoft (Points, "Policiers")
    Le Chœur des paumés, de Gene Kerrigan (Folio, "Policier")
    Intrusion, de Natsuo Kirino (Points, "Roman noir")
    Mélancolie, de Patrick Mosconi (Folio)
    Le vingt et unième cas, de Hakan Nesser (Points, "Policier")
    Nature morte, de Louise Penny (Babel, "Noir")
    Saturne, de Serge Quadruppani (Folio, "Policier")
    Mission Iceberg, de James Rollins (Pocket, "Thriller")
    Le Jeu de l'ombre, de Sire Cédric (Pocket, "Thriller")
    L'Écriture sur le mur, de Gunnar Staalesen (Folio, "Policier")
    Tatouage, de Manuel Vàsquez Montalbàn (Points, "Roman noir")
    La Peste noire de Bagdad, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, "SAS")
    Mozart est là ! : le secret des francs-maçons, de Gordon Zola (Le Léopard démasqué)

    Grands caractères :
    Volte-face, volume 1, de Michael Connelly (La Loupe, "Policier")
    Volte-face, volume 2, de Michael Connelly (La Loupe, "Policier")
    Un vrai jeu d'enfant, de François-Xavier Dillard (La Loupe, "Policier")
    Le Blues du braqueur de banque, de Flemming Jensen (La Loupe, "Policier")
    Paris mutuels, de jean-Marie Laclavetine (La Loupe, "Roman")
    Le Dernier amour d'Arsène Lupin, de Maurice Leblanc (La Loupe, "Policier")
    Le Mystère de Roccapendente, de Marco Malvadi (La Loupe, "Détective")
    Un Noël plein d'espoir, de Anne Perry (La Loupe, "Détective")

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La petite évadée et le marginal

À cinq ans, c'est encore la petite enfance avec son univers magique, le temps merveilleux de l'innocence. Le monde extérieur est comme un immense terrain de jeu, renouvelant sans cesse son flot de découvertes.

Mais la petite Amy, tout ce qu'elle connait, c'est grâce aux livres, ceux que Daddy lui ramènent et que sa maman lui lit inlassablement pour passer le temps. Elle regarde les illustrations et s'imagine en rêves la vie des personnes au dehors. Son monde à elle tient en une pièce souterraine. Amy n'est jamais sortie de cette prison depuis sa naissance. Sa mère, ça fait treize ans qu'elle est enfermée là, retenue prisonnière. Elle sent maintenant qu'elle est au bout du rouleau, pourtant elle n'a pas encore vingt ans. Ça fait trop longtemps qu'elle doit subir les sévices et la violence de cet homme qui a décidé de faire d'elle sa chose. Mais avant de voir partir ses dernières forces et de quitter cette vie qui n'en est pas une, elle veut protéger sa fille avant qu'elle ne devienne le nouveau joujou de ce monstre. Elle sent bien que cet homme ne va pas tarder à vouloir abuser d'Amy, pourtant sa propre fille, exactement comme il a fait avec elle. Alors patiemment, avec comme seul outil un capuchon de stylo, elle a défait une par une les vis d'un grille d'aération. Elle doit sauver sa fille de leur bourreau et ce conduit sera la clé de la liberté pour Amy.
Et c'est comme ça que, dans le froid enneigé de décembre, apparait une gamine vêtue d'un pauvre survêtement rose défraichi. Elle erre dans les rues d'Ennatown, apeurée par ce nouveau monde qu'elle découvre et muette car elle n'a jamais parlé. Elle sait qu'elle doit montrer le bout de papier qu'elle a dans sa poche pour aider sa maman encore enfermée. La première personne à croiser son chemin sera Black Dog, un vagabond noir un peu benêt. Il va la prendre sous sa protection. Mais rapidement, dans cette petite ville, la vision d'un marginal de couleur et attardé accompagné d'une fillette blanche va faire ressurgir des mémoires un triste fait divers. Il faut remonter quinze ans en arrière au moment des disparitions étranges de cinq petites filles. Comme quatre ont été retrouvées mortes, le corps lesté de pierre au fond d'un lac ou du lit d'une rivière, le criminel a été baptisé du triste surnom du Noyeur. Mais la cinquième n'a jamais été retrouvée, ni vivante ni morte. Alors il n'en faut pas plus pour des esprits bien échauffés d'être persuadés que Black Dog est le criminel recherché depuis si longtemps. Pourtant personne n'a signalé la disparition ou l'enlèvement d'une petite fille blanche. C'est ce point qui va intriguer un ancien policier au passé compliqué. Il va reprendre l'enquête et garder bien présent à l'esprit que le Noyeur est peut-être un des leurs, un citoyen pouvant se dissimuler derrière une vie bien ordinaire. La chasse à l'homme est ouverte.

Brigitte Aubert situe l'action de son roman dans une petite ville américaine, à la veille des fêtes de fin d'année, moment presque magique où les ménagères n'ont en tête que la préparation du repas de réveillon. Et même si, dans la communauté, il y a des esprits bienpensants et bienveillants comme pour mieux illustrer la vision de carte postale idéalisée, le vernis commence à se fendiller. Les problématiques sont les mêmes qu'ailleurs avec jamais très loin un fond de racisme et la peur de l'autre.
Brigitte Aubert sait capter l'attention grâce à une intrigue bien construite. En choisissant de changer régulièrement de narrateur, elle réussit brillamment à modifier la tonalité de l'atmosphère de son récit glaçant. Elle nous balade de la pitié à la compassion en passant par la rage ou la haine. C'est habilement mené et en plus la tension oppressante est régulièrement entrecoupée de pointes d'humour assez grinçant. Elle nous balade dans cette communauté pour nous faire sentir que le monstre rôde, qu'il peut être n'importe lequel d'entre eux et certainement le plus ordinaire de tous caché derrière son masque de monsieur Tout-le-monde. Elle dépeint sa suffisance de manipulateur car il écoute les remarques lancées tout en restant de marbre. Il est sûr de lui et se complait de réussir à berner tout le monde depuis tant d'années et d'avoir sous terre ses petites prisonnières. C'est le parfait tableau de l'horreur aux couleurs du quotidien, celle d'un homme aussi insaisissable qu'un des serpents d'eau qui ont donné leur nom iroquois à cette petite ville américaine.


On en parle : La Tête en noir n°159

Nominations :
Prix Arsène Lupin 2013
Grand Prix des Lectrices de "Elle" Policier 2013
Prix Interpol'Art "Roman" 2013

Citation

En fait, on sait exactement quel genre d'homme chercher, mais on ne peut pas suivre notre intuition sans devoir se justifier par des discours et des théories. Et là, on perd toujours du temps.

Rédacteur: Fabien Maurice jeudi 06 décembre 2012
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