Le Dieu de New York

Le tube de rouge git sur le sol. Elle le met dans un sac en plastique qu'elle donnera plus tard au housekeeping. Objets trouvés. Elle doute fort que l'auteure de ces mots d'amour ait envie de récupérer l'instrument de sa colère, mais sait-on jamais. Elle en a vu d'autres et des plus saugrenus.
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mardi 19 mars

Contenu

Roman - Policier

Le Dieu de New York

Ethnologique - Historique - Disparition MAJ jeudi 04 octobre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,9 €

Lyndsay Faye
The Gods of Gotham - 2012
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Carine Chichereau
Paris : Fleuve noir, juin 2012
528 p. ; illustrations en noir & blanc ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-265-09444-4
Coll. "Thriller"

... et le diable de Gotham

On ne cessera jamais de parler de "l'effet papillon". Mais, il faut souvent plus qu'un battement d'aile d'un aimable lépidoptère pour déclencher des effets impressionnants et imprévus dans des zones aléatoires. Pourtant, Lyndsay Faye associe, pour son passionnant roman, la maladie de la pomme de terre et la création de la police de New York.

Timothy Wilde est barman sur l'île de Manhattan. Il aime son métier et Miss Mercy Underhill, la fille du pasteur. Il a économisé pour ouvrir son propre établissement et fonder un foyer. L'explosion d'un entrepôt, le 18 juillet 1845, l'incendie qui ravage le quartier détruit tous ses projets et le défigure.
Valentin, son frère aîné, est capitaine d'un groupe de pompiers. Il est proche des édiles municipaux et profite de la création de la première police de New York pour le faire embaucher, mettant en avant sa connaissance de l'argot des bas quartiers. Timothy se retrouve affecté dans l'un des pires, la 6e circonscription, "la fosse d'aisance des enfers".
Il est confronté à la misère noire des migrants irlandais, catholiques dans une ville où la religion réformée fait la loi. Après avoir démêlé une sombre affaire d'infanticide par une jeune mère, il rentre dans son meublé quand une gamine se jette dans ses jambes. Son léger vêtement est ensanglanté. Elle est terrorisée.
Avec sa logeuse, il finit par apprivoiser la gamine, une prostituée, qui raconte qu'un homme découpe les enfants. Elle l'a entendu parler d'un lieu où ses complices se débarrassent des restes des corps. Bien que très réservé sur la véracité d'une telle information, Timothy convainc sa hiérarchie. Les fouilles permettent de dénombrer l'équivalent d'une vingtaine de cadavres. Qui peut ainsi tuer ces enfants et pourquoi ? Il n'aura de cesse de démasquer cet assassin.

Lindsay Faye appuie son roman sur les conséquences de la maladie de la pomme de terre en Irlande, entraînant une famine sans précédent et l'émigration massive des populations vers les USA. Nombre de ces migrants, sans ressources, se sont fixés sur l'île de Manhattan. La population de la ville a crû de façon spectaculaire. La religion principale des habitants de l'époque est celle de l'Église réformée. Les migrants catholiques, des "papistes", font l'objet d'une discrimination supplémentaire. Les enfants sont exploités et nombre d'entre eux deviennent des "rivettes", des prostitués dans des bordels de Manhattan. Ils n'ont pas d'existence et personne ne s'inquiète de leur disparition.
Pour mettre un peu d'ordre, la municipalité décide de créer le 1er août 1845, une police. Les premiers agents sont recrutés en fonction de leur connaissance des quartiers où ils vont avoir à intervenir.

Dans ce cadre, dans ce contexte, Lyndsay Faye imagine une intrigue fort bien troussée qui prend en compte les incidences induites par ces événements. Elle fait référence à nombre d'éléments tant sociaux que politiques, tant religieux que scientifiques, avec un mystérieux tueur en série, dont le mobile reste flou.

L'auteur décrit un New York étonnant, une île de Manhattan occupée seulement dans sa pointe sud par l'industrie navale et dans sa partie Nord par plus de quatre cent mille personnes qui se concentrent sur quelques hectares. Elle fait vivre, à travers son héros, la naissance de la police municipale, les principaux artisans de son développement et de son fonctionnement. Elle décrit une population déchirée entre les gens déjà installés, (tous descendants d'anciens migrants !) et les nouveaux arrivés. Elle relate les conflits, articles de journaux à l'appui, sur l'intolérance religieuse, sur la lutte contre l'immigration massive.

On rencontre une galerie de personnages attractifs, animés de façon singulière, faisant revivre mille détails pertinents sur le quotidien de ces populations, les incendies violents et meurtriers, l'engagement politique et ses incontournables ajustements entre justice sociale et intérêts privés.

Le dieu de New York révèle, avec Lindsay Faye, un auteur prometteur !

Citation

Les maladies, d'après les religieux comme les scientifiques, naissent d'une mauvaise vie. Nourriture riche, air vicié, terre humide, piètre hygiène, alcool, drogue, vice et sexe. Par conséquent, les malades ont souvent une réputation douteuse, et les vertueux agents de la charité les traitent avec des pincettes.

Rédacteur: Serge Perraud dimanche 30 septembre 2012
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