La Moitié du paradis

Seule tache sur le blason de la ville, une vieille demeure délabrée, digne de la famille Addams, élevait sa silhouette sinistre à quelques dizaines de mètres de là : une ruine aux volets arrachés, aux tuiles manquantes, à la pelouse dévorée par les mauvaises herbes. Il ne manquait plus que l'ombre grimaçante de l'oncle Fétide à l'une des fenêtres de l'étage.
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Roman - Noir

La Moitié du paradis

Ethnologique - Social - Musique MAJ lundi 19 novembre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

James Lee Burke
Half of Paradise - 1965
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Olivier Deparis
Paris : Rivages, octobre 2012
302 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2422-4
Coll. "Thriller"

Premier roman, premières fulgurances

La Moitié du paradis : le titre est en lui-même une excellente définition du roman noir. Qu'est qu'une intrigue noire sinon justement cette trajectoire qui emmène vers le paradis terrestre mais qui laisse le héros à mi-chemin du but ? Dès ce premier roman, James Lee Burke montre à travers leurs parcours les destins individuels de trois personnages sortis de la Seconde Guerre mondiale qui pourraient accéder au bonheur mais qui n'y arriveront pas.
Déjà situé en Louisiane, ce roman possède une atmosphère d'intemporalité : les paysages, les situations, les goûts musicaux évoquent le XXe siècle mais à part quelques indications précises le texte pourrait se dérouler au moment de la Prohibition ou être contemporain des aventures où James Lee Burke raconte la vie de Dave Robicheaux, son enquêteur fétiche. D'ailleurs, étrangeté et coïncidence de ce roman en date de 1965, l'un des protagonistes va justement croiser un personnage féminin lumineux qui s'appelle Robicheaux.
Toute la Louisiane est là : Avery Broussard, descendant d'une riche famille française sombrant, J. P. Winfield, péquenaud inspiré par la musique et Toussaint Boudreaux, jeune boxeur noir qui ne peut plus combattre sont au centre de l'intrigue qui voit passer les habitants des marais, des gangsters de tout poils, des noirs crédules, la faune intellectuelle de la capitale, un homme politique démocrate et cynique, des prostituées, et des clochards.
Broussard pourrait s'en sortir mais alcoolique, sa dépendance va entraîner, malgré une rédemption possible sous les traits d'une femme qu'il aime, sa chute définitive. Winfield devait s'en sortir grâce à la musique mais entre une compagne droguée et un imprésario magouilleur, il mourra dans l'indifférence générale. Boudreaux ira jusqu'au bout d'une logique qui ne laisse pas grand place aux noirs.
Dès ce premier roman, James Lee Burke parvient en quelques lignes à dresser un personnage, à montrer sa complexité, son caractère buté - parfois -, à l'installer dans des décors décrits avec soin, le lecteur visualisant et sentant les odeurs du marais, la sueur des prisonniers sur un chantier, le halètement des chiens qui poursuivent un évadé, l'odeur de l'alcool et de la luxure dans une chambre surchauffée d'un bordel.
Roman naturaliste noir, La Moitié du paradis est annonciatrice de l'œuvre qui a fait le succès de James Lee Burke : inscription dans un territoire précis présenté avec soin, choix de personnages crédibles qui visent à l'universel, dimension humaniste. Un très bon premier roman (qui en douterait ?).

Citation

Il avait mal partout et se sentait comme rempli d'eau, mais le pire de la fièvre était passé. Il avait l'esprit clair et serait prêt à les recevoir lorsqu'ils arriveraient.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 19 novembre 2012
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